Blues |
S’il y a bien un Bad Boy entre les pattes duquel on voudrait bien tomber, c’est sans nul doute ‘Monsieur’ Magic Slim! Voilà le trente sixième opus de l’artiste natif du Mississippi, avec ici encore les Teardrops qui épaulent le garçon sur disque comme sur scène: Jon McDonald à la guitare et aux choeurs, Andre Howard à la guitare basse, aux choeurs mais aussi au lead chant sur ‘Someone Else Is Steppin’ In’, et BJ Jones à la batterie et aux choeurs.
Le line up des zikos du Magic Slim n’est plus le même que celui des années soixante dix du siècle passé, mais il a fière allure. John Primer a été guitariste pendant quelques treize ans et Shawn Lil’ Slim, le digne rejeton, a lui aussi été longtemps de la partie. Douze nouvelles interprétations de morceaux passés dès leur naissance à la postérité du Chicago Blues et du Blues tout court!
L’opus alterne interprétations et compositions du Maître. Trois titres, ‘Sunrise Blues’, ‘Gambling Blues’ et ‘Country Joyride’ sont signés Morris Holt, alias Magic Slim, et les autres par Eddie Taylor, Denise Lasalle, Detroit Emery Jr. Williams, Roy Brown, McKinley Morganfield, J.B. Lenoir, Albert King ou Lil Ed Williams. L’opus a été enregistré dans les studios Rax Trax se Chicagi, Ilinois, et possède un son d’enfer. Rappelons que ‘Monsieur’ Magic Slim est né en 1937 et qu’il sort de sa les Paul un Blues que lui envient bon nombre de jeunes et moins jeunes. Preuve que son pseudo n’a nullement été usurpé et qu’il le mérite mieux que tout autre.
L’histoire raconte que le jeune Morris Holt (celui là même qui deviendra Magic Slim) confectionna sa première guitare à partir d’un manche balai et d’une caisse en bois. Celui qui était passionné de piano devra pourtant abandonner cet instrument, faute à la perte du petit doigt de la main droite en travaillant avec une machine égreneuse (‘cotton gin’) servant à séparer la graine du coton de sa fibre. Adieu le piano et bonjour la guitare. Le voici à 11 ans qui rencontre Magic Sam et devient son ami. Des années lus tard il suivra Magic Sam à Chicago, assurant alors la basse au sein de la formation. C’est d’ailleurs Magic Sam qui lui donnera alors le surnom de Magic Slim, avant de quitter le blues et le monde réel en 1969, à 32 ans, victime d’une attaque cardiaque. Plus rageur que jamais, Magic Slim développera son propre style, devenant au fil des années l’une des références du Blues électrique.
‘Bad Boy’ est à l’image du ‘Monsieur’, imposant et tout en finesse à la fois, avec cette sensibilité de bluesman qui ne laisse pas indifférent. Les compositions comme les reprises finissent par vous coller à la peau tant les sonorités de la guitare vous subjuguent. La voix, lancinante et quasi obsessionnelle, percutante et troublante, est à l’image du bonhomme, costaude et bien posée, parfaite pour éclairer l’ambiance des douze titres de cet opus qu’on ne se lasse pas d’écouter…encore et encore… Le genre d’album que vous pouvez offrir les yeux fermés, car vous ne ferez que des heureux en glissant du Magic Slim tout autour de vous!