M G BOULTER – Clifftown

Hudson Records
Folk
M G BOULTER - Clifftown

“Où donc sur la planète Dr. Feelgood est-il le plus populaire?” s’enquérait non sans malice Julian Temple, en introduction de son film “Oil City Confidential”. La réponse fusait, implacable: à Canvey Island, pardi! Cette presqu’île où débouche l’estuaire de la Tamise et qui, en dépit de sa modeste population, fut le berceau de tant de formations rhythm n’ blues chères à nos cœurs. C’est en effet depuis cette bande de terre et de sable mêlés, où les effluves de fish & chips ne parviennent qu’à grand peine à masquer celles des huiles de raffineries, que nous provinrent les Paramounts de Gary Brooker et Robin Trower (futurs Procol Harum), ainsi bien sûr que maints hérauts de la vague pub-rock des mid-seventies (Eddie & The Hot Rods et Kursaal Flyers inclus). Le récemment disparu Peter Green y résidait, tout comme ce trésor national de Wilko Johnson (qui y vit toujours). C’est dans ce même district littoral de l’Essex (Southend-on-Sea) que vit le jour MG Boulter. Il y fit son apprentissage parmi quelques groupes locaux, avant de se faire remarquer en tant que guitariste et chanteur des Lucky Strikes, avec lesquels il enregistra pas moins de cinq albums. Ce fut au cours de cette période qu’il se lia d’amitié avec Simone Felice (des Felice Brothers), qu’il accompagna en tournées anglaises et américaines à la mandoline et au lap-steel. Boulter publia un premier album solo dès 2013 (avec Pick Withers, fameux batteur de Dire Straits, Bert Jansch et Dylan), puis un second en 2016, tout en s’investissant auprès d’artistes écossais tels que Blue Rose Code, Samantha Wates et Emily Portman, ainsi que d’auteurs-compositeurs comme Neil McSweeney et Lucy Farrell. Désormais signé sur le label Hudson Records (du nom du chien résident de ses studios!), son troisième essai le voit revisiter son terreau natal avec la méthodique précision poétique qu’un Marcel Proust ou un Ray Davies appliqueraient à la rédaction d’un guide touristique. Avec ses méticuleux instantanés sociologiques et ses arrangements ciselés, le “Midnight Movies” introductif n’aurait pas déparé les riches heures d’un Paul Simon à son zénith, tandis qu’avec sa pedal-steel, le plus rock “Soft White Belly” rappelle les premiers Tom Petty, et que “The Slow Decline” et “Night Worker” en font autant pour Chris De Burgh. Avec sa description douce-amère des destinées inéluctables des habitants de son bled atavique, la plage titulaire évoque des Milk Carton Kids qui auraient eu la riche idée d’engager pour parolier Grant McClennan. Le parallèle avec Paul Simon s’avère récurrent (les impeccables “Nights At The Aquarium”, “Fan Of The Band” et “Simon Of Sudbury”), mais il serait aussi injuste qu’inapproprié de réduire MG Boulter à cette seule référence, comme en attestent des pépites telles que les saisissants “Remnants”, “Pilate” et “Icy Paw”. Un album d’une poésie et d’une sensibilité confondantes (le livret en propose l’intégralité des lyrics), dont le splendide artwork plaide sans appel pour l’acquisition au format LP: une pochette  à encadrer!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 25th 2021

M G BOULTER – Clifftown : à retrouver et à commander sur le site de Hudson Records, ICI

ou bien sur le Bandcamp de M G BOULTER, ICI

M G BOULTER – Midnight Movies – Packshot Video: