LUKE ELLIOT – The Big Wind

Ferryhouse / Rought Trade
Pop, Rock
LUKE ELLIOT - The Big Wind

Un rythme lancinant et nu, précédant l’irruption d’une voix désabusée et celle d’un piano dépouillé, avant que l’addition progressive des instruments (basse, orgue, guitare) n’y accompagne un graduel crescendo dramatique… La première fois que l’on nous a fait ce coup-là, c’était en introduction du “Ziggy Stardust” de Bowie (souvenez-vous, “Five Years”, “Soul Love”, etc.). Avec ses chœurs et la même combinaison orgue-piano (la marque des plus grands, de Spooky Tooth et Procol Harum jusqu’à Rufus Wainwright), “Everybody’s Waiting For You” en prolonge l’effet diaphane, avant que d’asséner les premiers coups de grâce. En empruntant ce languide beat italo-porto-new-yorkais si cher à Spector, Dion DiMucci, Bert Berns, Doc Pomus et Willy de Ville, la plage titulaire, “Carolyn” et “If You Ask Me To” gravissent sans effort les sommets qu’atteignirent avant elles Lou Reed, Garland Jeffreys et Elliott Murphy. Des mini-tragédies du pavé en trois minutes, soit le versant Lower East Side du Brill Building… Il n’est dès lors que temps de se demander d’où peut bien sortir ce type. Natif du New-Jersey (comme les susnommés), Luke Elliott ne fêtera son 36ème anniversaire qu’à la fin de ce mois, mais accuse déjà deux autres albums au compteur. Rejeton de parents littéraires, il prit des leçons de piano dès l’âge de huit ans et composa ses premières chansons à treize. Les hasards de la promotion l’ayant mené jusqu’en Norvège, c’est à Copenhague qu’il a enregistré ces dix plages avec de talentueux musiciens du cru, avant d’en confier le mastering aux fameux studios londoniens Abbey Road. Sur un rythme de valse irlandaise, “Paradise” apporte une rafraichissante variation celte, tandis que “Never End Up Where I’m Supposed To Be”, “Whatever You Find” et “Fifteen Tons” ne nous ramènent à la dimension brechtienne du Bowie de “Rock n’ Roll Suicide” et du Lou Reed de “Perfect Day”. Le tout mâtiné d’une touche bar-room glauque, à la manière du “Blue Valentine” de Tom Waits. Une pénétrante mélancolie vous étreint, et l’on songe à Elliott Murphy sur une autre valse, le poignant “Somebody’s Man”, sous-tendu de cet orgue omniprésent et d’un violon bienvenu. Magistralement produit, un album d’une langueur majestueuse, et la très belle surprise du printemps…

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, June 13th 2020

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