| Rock'n'Roll |
Bonjour les amis. Ma charmante et dévouée secrétaire très particulière, qui parfois enfile la fantasmatique blouse blanche de docteure en médecine, sans pour autant avoir prêté préalablement le célèbre serment d’Hippocrate, est en train de retranscrire la présente chronique que je lui dicte, stéthoscope nonchalamment calé autour de son cou et lampe frontale sortie tout droit d’un film de Tarantino, car je suis dans l’incapacité chronique de pianoter quoi que ce soit sur le clavier de mon ordinateur, tel un Jerry Lee Lewis déchainé et inspiré sur Great Balls Of Fire, car lorsque j’ai reçu par la Poste le dernier album de Lucky Pepper intitulé Easier Said Than Done!, gentiment envoyé par Geoffrey Lucky Pepper en chair et en blues, en ouvrant le dit courrier avec impatience et quelques tremblements névrotiques, je me suis brûlé les mains en saisissant l’objet du délit contenant 12 titres, 12 compositions originales, 12 véritables brûlots de swamp-blues et de rock’n’roll en incandescence, sans aucune précaution. Suite à l’effet de blast provoqué par l’explosion de rockin’ blues à l’énergie brute, je me suis retrouvé projeté le nez dans la gamelle du chien, quelques croquettes Pedigree riches en bœuf en guise d’amuse-bouches. Dieu merci, le nouvel opus de Lucky Pepper sortait indemne de cette péripétie croquignolesque digne des Pieds-Nickelés. Leur musique est plus que jamais pimentée comme un jambalaya de Louisiane, épicée comme du Tabasco, sulfureuse comme un piment de Guadalajara, blasphématoire comme un punk et ses Doc Martens égarés Place Saint-Marc au Vatican. Le projet Lucky Pepper a vu le jour à Bordeaux, véritable creuset des musiques qui groovent, là-bas aux confins de l’estuaire de la Gironde, avec d’éminents disciples voués à la cause de la musique du Diable: Lenny Lafargue, Raoul Ficel, Flyin’ Saucers Gumbo Spécial, CadiJo et bien d’autres fantômes du Cricketers… Depuis, Geoffrey Lucky Pepper a émigré à Périgueux en Dordogne, autre pépinière de la petite note bleue, autre citadelle propice à l’inspiration et aux ondes positives. La musique de Lucky Pepper est sans conteste bigarrée à souhait, éclectique, mélangeant avec une aisance déconcertante, blues, rock’n’roll, rhythm and blues et swamp. Geoffrey ayant été biberonné aux riffs et aux standards de Link Wray, Johnny « Guitar » Watson, Bo Diddley, The Sonics, Elmore James… et aux productions légendaires et transgénérationnelles des labels Fat Possum Records (Mississippi blues rural façon R.L. Burnside) et Excello pour le swamp obsédant et lancinant, mais d’une efficacité inouïe de Slim Harpo, Lightnin’ Slim, Lonesome Sundown ou Lazy Lester. Composé de la dream team, du nec plus ultra du groove et du feeling, à savoir de Geoffrey Lucky Pepper (chant, guitare, harmonica), de Rémi Puglisi (batterie), Julien Lacombe (basse) et JP Cardot (piano), un pianiste unanimement connu et reconnu dans le milieu du rockabilly et du swing, le quatuor aux vapeurs sulfureuses communicatives, distille un rockin’blues de derrière les fagots, qui tout en respectant une certaine orthodoxie ancestrale et une profonde déférence envers ses pairs, impose sa marque de fabrique et son empreinte personnelle. Déclencheur d’hystérie, de festivité et d’utopie collectives, à l’écoute de cet album remarquable, on peut sans hésitation citer Jerry Lee Lewis et Chuck Berry pour le côté rock’n’roll 50’s des pionniers, ou encore The Fabulous Thunderbirds époque bénie avec Jimmie Vaughan et Keith Ferguson, voire nos indécrottables bretons de Doo the Doo et Nico Duportal pour le swing. Et quand je vous aurai signalé la présence d’une multitude de guests, comme notamment Fabio Izquierdo (rubboard), figure emblématique des Flyin’ Saucers de Bordeaux et ambassadeur des bayous de Louisiane, il ne vous restera plus qu’à vous ruer sur le site de Lucky Pepper pour passer commande de ce magnifique album dont la sortie officielle est prévue le 31 octobre prochain. Vivement les petits matins blafards, la pluie, le brouillard et la grisaille automnale, pour se réchauffer le corps, le cœur et l’âme avec le nouvel opus de Lucky Pepper. Mais attention aux brûlures, car comme Ovomaltine, Easier Said Than Done ! c’est de la dynamite!!! Bon je vous laisse, car ma secrétaire très particulière me rappelle avec insistance que c’est l’heure de changer mes pansements. Enorme coup de cœur pour Lucky Pepper en ce qui me concerne, avec mention spéciale à Geoffrey, pour son talent, son érudition et sa sympathie.
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, October 23rd 2023
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