Rock |
Nous avions entendu cette formation pour la première fois en live, lors du Fallenfest 2009 (ou 2010 ???) et ce fut, il faut bien l’avouer, la grosse, très grosse claque. Non seulement les quatre garçons proposaient des compos intéressantes avec arrangements recherchés, mais en plus ils avaient ‘le’ truc en live qui rend un groupe unique, original et performant. Avec leurs lunettes et casques d’aviateurs, leur imper et longue écharpe à la Blériot, les quatre compères avaient offert ce soir là un set bourré d’énergie explosive, limite déjanté. Et c’est ce côté barge, bien s’coué sur une musique de qualité, qui nous avait emballés.
Presque un an plus tard, les voilà qui nous reviennent avec leur premier album et c’est donc avec impatience mais aussi une certaine retenue que nous avons lancé la galette dans le lecteur. Avaient-ils su conserver sur ce premier album ce sel, cette saveur si particulière qui leur était propre… ?
Dès le premier titre, ‘The Greatest Aviator’, c’est non seulement le soulagement, mais surtout l’assurance que l’on tient là un groupe vraiment génial. Les quatre musiciens sont toujours aussi s’coués, mais leur énergie est parfaitement canalisée, maîtrisée sur cet opus, avec également des arrangements à faire pâlir pas mal de grosses pointures dans ce domaine.
Façon Cockney Rebel des années 70 et 80, le violon est présent, voire très présent sur certains titres, vous emportant avec lui là où le voyage est plus magique encore, plus mystérieux.
Les treize titres alignés sur cet opus, sans oublier le titre bonus enregistré en studio dans les conditions d’un ‘live’, permettent aux quatre compères d’éclabousser l’album de toute leur classe: Loïc Fleury assure les guitares, le yukulele, le banjo, l’accordéon, le kalimba et le chant, Thomas Schweitzer les guitares, le glockenspiel, le piano-jouet, la trompette et le chant, Léo Schweitzer le violon, la contrebasse et la scie musicale, Benoît Bourrigan la batterie, les percussions, la guitare et les chœurs.
Chaque titre possède sa couleur propre, ses lumières, son éclat, son énergie. Sur ‘Old Sam’, les percussions sont obsédantes tandis que les guitares et les chœurs envahissent l’espace. Le titre suivant, ‘I’ll be going’, est aussi léger et aérien qu’un survol de la Terre depuis l’espace, rythmé en seconde partie par un violon qui vous fait parcourir des distances folles en quelques secondes. Les aviateurs vous ont embarqué avec eux et vous nagez en plein délire, en plein bonheur.
‘Subway’s Birds’ est, quand à elle, une des chansons les plus originales et les plus riches sur le plan des arrangements. Du yukulele au piano-jouet, tout se fond à merveille dans un ciel étoilé que seuls des yeux malicieux peuvent deviner.
L’intro de ‘Sea Song’, ensuite, à l’accordéon seul, vous collera des frissons par vagues avant que guitare, violon, percussions et accordéon ne fusionnent pour vous proposer un survol de ce monde merveilleux qu’est Lucky Lindy. Les voix de Loïc et Thomas sont prenantes et chaudes comme un volcan en éruption, avec toujours sur elles ce violon planant qui vous emmène vers un monde dont vous ne devinez même pas les frontières, tant les Lucky Lindy les ont repoussées loin, loin, loin… A plusieurs heures de vol, au moins.
Nichée en seconde moitié d’album, ‘Sweet Hurts’ est l’un des titres qui provoque un décollage brutal, vertical, et vous prenez des G en plein ventre. Sur scène, c’est l’un des titres sur lesquels le quatuor se déchaîne, se libère pour mieux s’envoler. On dépasse très vite la vitesse du son et on maintient les gaz à fond, question d’adrénaline qui monte.
Et comme si le titre du morceau suivant le laissait présager, ‘Get Better’ vous emporte à son tour dans un tourbillon mélodieux et déjanté à la fois, avec toujours ce violon au son très Cockney Rebel qui vous enveloppe, vous emporte. On entend presque Steve Harley avec les Lucky Lindy, c’est dire combien le son de ce titre (et de l’album) est énorme….!
Enorme, sans doute le qualificatif qui colle le mieux à cette formation dont le premier album est d’une qualité presque indécente tant il éclabousse tout ce qui oserait l’approcher.
A l’instar des tous premiers aviateurs qui prenaient tous les risques pour oser traverser une mer, un océan, une barrière rocheuse, les aviateurs de Lucky Lindy ont pris tous les risques, les prennent encore, et rien que pour cela ils méritent le respect. Voire la consécration.