LUCKY DEVILS – News From Earth

Lucky Devils Records
Psychobilly

Selon la formule consacrée chez Valda: “Mais que se passe-t-il…?”. Alors qu’en sinistre augure, Gainsbarre nous adressait de Mauvaises Nouvelles des Étoiles, les Lucky Devils nous en donnent à leur tour de notre planète… Quelle mouche tsé-tsé les aurait donc piqués? Seraient-ils devenus écolos, bobos, végans, voire zadistes? C’est que leur genre musical s’avère déjà en soi une cause suffisamment ardue à défendre: de Batmobile à Demented Are Go (sans parler bien sûr des Guana Batz ni des Meteors), toute une vague de gangs psychobilly est venue s’échouer sur les rives arides du Temps. Et qui reste-t-il désormais pour défendre le Fort? Il n’y a pas que les Mauvaises Langues pour fêter cette année leur vingtième anniversaire et leur septième album, mais contrairement à ces derniers, nos Diables Veinards ne risquent pas de louer le Sébasto pour autant. Et pour cause: ils pètent toujours tellement le feu qu’aucune compagnie d’assurance n’oserait couvrir l’événement ! Dès le survitaminé “Ride For My Life”, des images de zombies bananés en perfectos élimés se mettent à trépider en une gigue névrotique. Le décor planté, le prémonitoire “We’re All Gonna Die” sonne la charge, et on se prend à subodorer que les Cramps n’étaient peut-être finalement que d’aimables plaisantins: la rythmique balaie tout sur son passage, tandis que la guitare de Phil Nowak trépane les survivants à l’attendrisseur. “Banzaï” hybride ensuite les Stray Cats de “Runaway Boys” avec l’intro du “Bad Detective” des New-York Dolls (ou comment danser le bop en platform boots). Ne respectant décidément aucun mausolée, ils s’attaquent ensuite au standard “Greensleeves” et au “Rasputin” de Boney M, pour en restituer des cavalcades dignes d’un duel à mort entre Dick Dale et Duane Eddy. Ni “Crying In My Head”, ni “Bongos Sound” ne relâchent la frénésie d’un iota, et on mesure à quel point les années ont consolidé les rythmes d’airain que chevauchent ces trois cavaliers de l’Apocalypse. “Psychos” résonne dès lors comme une ultime profession de foi. Désormais la plus stable formation du genre sur notre continent, les LUCKY DEVILS le confirment: on est foutus, mais on prèfère de loin la Saint-Guy à la ciguë!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 18th 2019