Pop

Pour tout amateur sexagénaire de classic rock, ce genre de disque incarne l’ennemi. Un peu comme le Roxy Music de “Manifesto”, le Robert Palmer de “Clues” ou les Sparks de “N°1 In Heaven”, cette pop plastique fondée sur des synthés joués à deux doigts et des drum-machines sonne en effet comme une déclaration de guerre. Voire pire, comme une reddition en rase campagne aux diktats de l’industrie. Comment expliquer dès lors le charme qu’exerce la presque douzaine de titres que comprend ce quatrième essai de LOWER DENS, quartette fondé à Baltimore, et désormais réduit à un duo, dont le leader demeure plus que jamais Jana Hunter? Si le parallèle avec la new-wave anglaise de New Order et consorts s’y accentue (cf. “I Drive” ou “Simple Life”), le contraste entre musique et paroles à message ne s’en trouve que plus saillant. Comme en témoignent le single “Young Republicans” et “Lucky People”, cet album se veut en effet un brûlot brandi à la face rougeaude du capitalisme vorace (et pourtant condamné). Comme chez Soft Cell et Frankie Goes To Hollywood, la qualité de la production surpasse en émotion la froideur des arrangements. Mélodiste confondant et chanteur aux étranglements poignants (les terrassants “Real Thing” et “In Your House”), Hunter rejoint ici Holly Johnson et Marc Almond au palmarès des grands crooners synthétiques. Paradoxalement, cette pop manufacturée à la sauce rétro eighties n’en véhicule pas moins une âme sensible. La preuve par l’absurde que ce ne sont pas les instruments qui génèrent la musique, mais bel et bien l’intention des musiciens. N’empêche, les fans d’Orchestral Manœuvres In The Dark et de Trevor Horn vont se régaler!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 30th 2019

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