Blues |
Cela fait plus de vingt ans que Lorenzo Sanchez irrigue la scène française de son blues chaleureux. Personne n’a oublié son Brachay’s Blues Band (du nom de son fief champenois), aux côtés de son complice Miguel Moreno. Entièrement chanté dans sa langue maternelle, “Amnesico Blues” continue en tout cas d’assumer toutes ses références musicales. “Veneno”, qui ouvre avec bonheur cet album, est un shuffle lascif où sa slide langoureuse installe d’emblée le climat. Les remarquables “Amor loco” et “Veinte anos” (perpétuant fièrement la marque flamboyante du regretté Freddie King) offrent également à l’excellent claviériste Philippe Billoin l’occasion de s’illustrer. Si le funky “No me digan” et l’ombrageux instrumental “Jamugo” fouettent quelque peu les sangs, les laid-back “Mamaita”, “Inolvidable”, “Papaito” et “Paola” réinvestissent à point nommé les champs explorés par le Clapton mid-seventies (ainsi que ceux de son propre mentor, J.J. Cale). La langue s’y prétant naturellement, quelques plages (“La bien paga”) abordent les rivages latinos, sans se départir pour autant de la décontraction qui caractérise l’ensemble. Tout éblouissant que se confirme le talent de leur leader, il n’en faut pas moins saluer aussi celui de ses comparses: l’assise impeccable de la section rythmique, ainsi que le soutien opportun des claviers et des choeurs. Si le parti pris de lyrics 100% espagnols ne déroutera sans doute que les auditeurs anglophones (voire), cet album dégage suffisamment de maîtrise et de feeling pour se hisser au rang de ceux de nombre de ses modèles. Sans doute l’une des plus convaincantes réussites du blues hexagonal à ce jour.
Paris-Move