Chanson, Folk

À l’instar de Manu Lanvin, Lonny est la fille cadette d’un célèbre acteur de cinéma français, mais le parallèle s’arrête là. D’abord parce qu’il est hors de question pour elle de se prêter à un quelconque exercice népotiste, façon humeurs franchouillardes tardives à la Renaud Séchan. Et surtout, parce qu’elle se refuse élégamment à exploiter son patronyme à des fins promotionnelles. Nous l’avons pour notre part découverte (et appréciée) au sein du Strangers Quartet qui accompagnait l’an dernier H-Burns sur son hommage à Leonard Cohen. Captés à Montréal sous la houlette de Jesse Mac Cormack, les onze originaux qu’elle signe sur ce premier album ne respirent certes pas la plus franche félicité, mais n’en véhiculent pas moins un souffle dont l’apparente fragilité révèle une écriture à la fois sincère et singulière. Se remettant manifestement à grand peine d’une rupture (thème éculé, sauf pour ceux qui en sont victimes), elle n’en délivre pas moins un disque de résilience, où les rayons de l’astre suprême s’autorisent de lumineuses percées au travers de sombres cumulus (le poignant “Allez Chagrin”). Entre Laura Marling ou Laura Veirs (“Le Goût de l’Orge”, (“Not So Sad) Love Song”, en duo avec Refuge) et la Françoise Hardy d’il y a un demi-siècle (“Comme La Fin Du Monde”, “Éteins La Mer”, “Dans La Maison Des Filles”), elle laisse également poindre l’ombre portée de Leonard Cohen (“Avril Exil”, “Mid Summer”, “Black Hole”, “Le Sable Normand”). Avouez qu’il existe pires références, et puis le spleen lui va si bien.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 27th 2022