Synth-Pop |
Comme l’indique avec force précisions le dossier de presse, la principale innovation que proposait cet album lors de sa parution résidait dans le fait que son auteur passait alors “du Moog III au E-mu Modular System, ainsi qu’à d’autres synthétiseurs comme le Prophet 5, les Roland MC-8 et TR 808, ainsi que le Yamaha GS-1, précurseur du DX7”. S’agissait-il encore de musique ou des relevés d’un banc d’essai comparatif de robots mixers au cours du dernier Salon de l’Électro-ménager…? L’écoute circonspecte des dix plages qui le composent laisse en effet perplexe. Sorcier numérique à l’œuvre de ce machin, le Japonais Hideki Matsutake (qui exerçait alors les fonctions d’éminence grise en charge de la programmation, dans l’ombre du Yellow Magic Orchestra de Ryuichi Sakamoto) passait alors pour un parangon de l’avant-garde en matière de musique synthétique. Kraftwerk, Klaus Schulze, Tangerine Dream et l’école prog-rock anglaise n’avaient donc qu’à bien se tenir, car on allait voir ce qu’on allait voir… Près de quatre décennies plus tard, ce que confirme en fait cette réédition, c’est à quel point l’innovation flétrit souvent plus radicalement encore que les fleurs coupées. Car hormis les slaps de basse de Nathan East (eux aussi terriblement datés), les bruits divers que produisent les bidouillages et ustensiles ici à l’œuvre trahissent surtout les outrages de leur époque. Ces années 80 alors naissantes, avec les pantalons taille haute enserrant les hanches de garçon coiffeurs tels qu’Human League, Visage et autres Radio Romance (ceux-ci, qui s’en souvient encore ?), tandis qu’ils actionnaient, impassibles, des claviers joués à deux doigts tout en réordonnant leur impeccable brushing. Au milieu de ces génériques pour mangas animés et séries RécréA2, les funky “Be Yoursef” et “Metamorphism” passeraient presque pour des démos du Steely Dan d’alors, avec leur saxo synthétique, leurs chœurs d’hôtesses de l’air et leurs lignes de basse chipées à Chic, tandis que la mélodie pseudo-arabisante de “Prophet” amuse la galerie sur des beats gnawas produits par des algorithmes. C’est d’ailleurs, avec le recul des ans, la seule plage à présenter encore ici la moindre dimension expérimentale. Quant au catalogue Macif énuméré en introduction, il connaît ces derniers temps un regain d’intérêt certain parmi les collectionneurs forcenés de matériel vintage. Quand on vous disait que le retour au vinyle n’annonçait pas que de joyeuses perspectives… Un electro revival se tramerait-il déjà?
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, July 6th 2020
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Pour les collectionneurs (uniquement?!), l’album de LOGIC SYSTEM – Venus, est proposé également en édition spéciale “LP Deluxe Edition Black vinyl with 2p insert, OBI strip and special Pater Sato 8 page fully illustrated colour insert”, ICI