Liv Gritten – Words After Midnight

autoprod. 2008
Rock
Il y a des moments où l’on peut remercier internet à genoux, surtout lorsque l’on tombe, au hasard des pages MySpace d’artistes, sur des chansons qui vous touchent de suite au cœur. C’est le miracle et la magie du net, surtout lorsque ces chansons sont introuvables dans les bacs des magasins, ou alors faut ramer comme un dingue dans les rares qui proposent des imports, et encore…
 
J’avoue très humblement qu’avant de tomber sur la page de Liv Gritten, je n’avais jamais entendu parler de cette chanteuse, ni entendu la moindre chanson de cette jeune femme aux cheveux blonds comme les blés. Mais voilà qu’un soir (certains disent que le hasard n’existe pas, et cette rencontre me le fait penser), après avoir rédigé le compte-rendu du concert de Susan Tedeschi au New Morning, je navigue sur quelques pages MySpace conseillées par des amis musiciens et là, d’un coup, monte une voix légère et chaude à la fois, avec ce je ne sais quoi de Kate Bush dans certaines intonations: c’est Liv Gritten.
 
Quelques jours plus tard le CD est dans ma boîte aux lettres, puis dans mon lecteur, et là, grande claque, très grande claque car l’opus est surprenant de qualité, de maturité, d’originalité. Ici, point de reprises pour remplir le CD ou pour montrer qu’on a le talent d’une vedette, non, c’est la jeune Liv Gritten qui a écrit les musiques des 12 titres proposés sur ce premier album, signant les paroles de 10 de ses chansons et co-signant avec le poète et parolier Scott Manke les paroles de deux autres chansons.
 
La première chanson, déjà, à elle seule, vous accrochera car elle contient toute la magie, toute la luminosité musicale de Liv Gritten. ‘Crossroads’ est une chanson au rythme enjoué, avec un piano qui vous enveloppe, vous attire. La voix de Liv est lumineuse, elle aussi, et vous rappellera dans certaines de ses variations les intonations de Kate Bush, montant plus haut dans les aigus sur le second titre, ‘Postmodern Waltz’, rythmé lui aussi, et qui, selon moi, n’avait nullement besoin de cette démonstration des capacités vocales de la jeune Liv.
 
Une tentation que Liv prolonge sur ‘Autumn Gold’, secondée par un saxo à la chaleur brûlante, celui de Kim Pink, et qui sait admirablement s’effacer quand il le faut pour laisser place au jeu de piano de Liv, car c’est elle qui non seulement compose mais joue au piano ses propres chansons, dont l’un de mes coups de cœur, le sublime ‘Saving My Soul’, sur lequel la voix limpide de la chanteuse qui monte dans les aigus vous fera, ici, frissonner à n’en plus finir. Une très belle chanson, et qui mériterait absolument de figurer dans toutes les compilations pour soirées lounge ou pour dîners en amoureux. Sublime, tout simplement.
 
Après une telle gifle, ‘Dangerline’ aurait presque pu sonner trop fade, mais à nouveaux les intonations à la Kate Bush vous prennent par la main et vous vous laissez emporter par cette belle chanson.
Et si je vous dis que tout le reste de l’opus est de la même veine, alors vous comprenez pourquoi cet album mérite l’excellente note de 4 CD, indiscutablement, avec ce mélange de chansons terriblement mélancoliques et douces comme du coton et ces titres aux rythmes plus enjoués, qui feront revenir le soleil dans votre salon. Un salon dans lequel vous resterez assis de longues heures, bien après minuit, à réécouter ce ‘Words After Midnight’, après avoir craqué comme moi sur le dernier titre, ‘Indigo Sky’: une chanson où culmine toute la douceur et la tendresse vocale de Liv, une chanson qui vous remuera les tripes, le cœur, vous touchera à l’âme et vous arrachera les larmes. Vous vous lèverez et vous ouvrirez la fenêtre pour regarder, en écoutant Liv Gritten, ce ciel indigo qui est au-dessus de votre tête.
 
Comme je le disais, il y a des moments où l’on peut remercier internet à genoux, surtout lorsque l’on tombe, au hasard des pages MySpace d’artistes, sur des chansons qui vous touchent de suite au cœur.
 
Frankie Bluesy Pfeiffer
Liv Gritten