Rock |
Le truc fondateur avec les débuts du rock n’roll, c’est que les ingrédients en étaient latents depuis des lustres, dans l’ombre du mainstream ambiant. Ce qui n’atténue en rien la déflagration vécue, tant par l’establishment (les parents et autres ligues de vertu) que par les kids, comme un tsunami culturel. On ne compte plus les baby-boomers ayant témoigné comment “Be Bop A Lula”, “Great Balls Of Fire” ou “Tutti Frutti” leur secouèrent les neurones à un âge impressionnable. Et concernant Richard Wayne Penniman (alias Little Richard), non seulement n’avait-on jamais rien ouï de semblable, mais de surcroît encore rien VU de pareil non plus! Cette folle furieuse à pompadour grimpante, brâmant dans son costard couleur banane tout en maltraitant (debout) un piano qui n’en demandait pas tant: une secousse tellurique pour l’Amérikkke bien pensante de l’après-guerre. En 65 plages soigneusement sélectionnées, restaurées et mastérisées, Bruno Blum trouve ici moyen d’EXPLIQUER l’indicible: comment une tarlouse perdue née dans le ghetto de Macon, Georgie, (et assumant crânement sa différence) parvint, sur une brève mais cruciale période, à imposer à grande échelle un concept guère plus fédérateur que sa propre identité: le rock n’roll noir. Lequel n’était pourtant, comme tout le démontre ici, que le prolongement de ce que des pionniers tels que Roy Brown ou Wynonie Harris professaient avant lui. Mais sans cette touche d’hystérie décomplexée qui finit par tout emporter, jusqu’à son initiateur même. Si le rock des origines charria indéniablement son lot de cas cliniques, celui-ci pulvérisait allègrement la concurrence…!
Paris-Move