Little Pink Anderson : Sittin’ here singing the blues

Dixiefrog – Harmonia Mundi – DFGCD 8654
Blues

La grande baffe, la très grande baffe, c’est ce que va vous filer cet opus du fils du légendaire Pink Anderson. Une baffe mémorable tant l’album regorge de pépites que vous écouterez puis réécouterez encore, le matin lorsque les premiers rayons pointent au-dessus des arbres ou le soir lorsque les derniers rayons embrasent l’horizon. Une baffe que vous vous prendrez tout au long des 17 titres (hé oui, chez Dixiefrog on ne joue pas petit bras !), à commencer par le premier, ‘He’s in a jailhouse now’, un blues traditionnel arrangé par Little Pink et qui démontre que le personnage a le blues dans le sang. Lui-même dit en riant « J’ai eu ma première guitare avant même de voir le jour… », rajoutant que 50 ans plus tard «…je joue toujours cette vacherie de musique, mais j’aime ça. ». Et on sent qu’il l’aime, cette musique, injectant dans sa version de ‘See that my grave is kept clean’ une émotivité que Blind Lemon Jefferson aurait sans doute beaucoup appréciée.
A l’instar de nombreux bluesmen que l’on redécouvre aujourd’hui, Little Pink Anderson n’a pas eu la vie facile et les épreuves ont incontestablement façonné le chant et le jeu de guitare de cet homme au sourire ardent, comme sur cette superbe compo, ‘I want to go’, ou sur cette magistrale reprise de Lionel Richie: ‘Easy’. Doté d’un vibrato  dans les doigts de la main gauche aussi extraordinaire que celui de B.B. King (dixit Mike Hilton, professeur de guitare à l’université du Dakota du Sud), Little Pink Anderson fait de sa guitare non pas un instrument d’accompagnement mais sa seconde voix, et ce duo magique vous procure des sensations incroyables, comme dans cette superbe adaptation du traditionnel ‘St James Infirmary’ dans lequel les cordes et la voix de Little Pink Anderson alternent, se relayent, fusionnent dans une complainte à vous dresser les poils. Mais le bonhomme sait aussi vous faire taper du pied et des mains sur des blues au swing plus prononcé avant que l’émotion ne vous prenne aux tripes sur une exceptionnelle version de ‘Rainy night in Georgia’, chanson signée Tony Joe White.

Quand vous saurez qu’en plus la galette argentée vous est proposée avec une vidéo de dix minutes en bonus et qu’elle vous est livrée dans un digipack très classieux, vous comprendrez que vous avez entre les doigts un CD tel qu’on les aime, un CD que vous pourrez non seulement écouter mais montrer, un CD qui apportera dans votre cabane de bluesman une chaleur intense et inoubliable.

La grande baffe, vous ai-je dit, la très grande baffe.

Frankie Bluesy Pfeiffer
Blues Magazine & Paris-Move
Little Pink Anderson