Rock

Le 28 mars 1988, à l’issue d’un concert d’anthologie livré à la Cigale, Boulevard Rochechouart à Paris (qui se conclut alors sur pas moins de cinq rappels!), la saga de la Story (entamée au Havre dix-huit ans plus tôt) n’en allait pas moins se conclure bientôt. Avec panache, certes (sur la foi d’un album majeur, “Ringolevio”), mais pas sans regrets. Quelque 37 ans plus tard, le dit Roberto Piazza exhume les bandes de cette ultime razzia parisienne, et tout lui revient: la ferveur d’un public en liesse, l’énergie et la cohésion de cette dernière incarnation de son gang, mais surtout cette conviction inébranlable: Little Bob Story figurait alors parmi les plus solides formations au monde, en matière de rock n’ roll et de rhythm n’ blues. S’ouvrant sur la plage titulaire du précité, le son de ce double CD s’avère puissant et sans artifices. D’emblée, les guitares de Yves Chouard et Gilles Mallet s’y révèlent sans appel (twin killers attack, façon Hunter & Wagner sur “Rock N’ Roll Animal”), tandis que la section rythmique (Nico Garrotin, drums, et Paul Gene-Burroughs, bass), serrée comme un poing américain, fait feu de tous ses cylindres. En embuscade, l’harmo de l’essentiel Mickey Blow (toujours en service de nos jours, de même que les six cordes du non moins fidèle Gillou) ne darde ses traits qu’avec parcimonie et à bon escient, mais toujours avec l’imparable précision du spadassin (cf. le frénétique “Swithblade Julie”). Cet écrin de kérosène et d’acier sertit l’un des gosiers les plus expressifs d’un club qui ne compte que des pointures (Burdon, Fogerty, Bill Hurley, Southside Johnny, Bob Seger, you name it). En 22 titres, la set-list dévide un répertoire chromé sur tranche: “Green Back Dollar”, “So Crazy”, “Too Young To Love Me”, “Hurt So Badly”, “Motorcycle Boy”, “Nobody’s Born To Lose”, “Mad Dog”, “Tell Everybody The Truth” et bien entendu les hymnes brûlants “High Time” et “Riot In Toulouse”, sans oublier quelques covers significatives (un trépidant “I Fought The Law”, “Play With Fire” des early-Stones et une version cinglante de “Kick Out The Jams”, flammèches de guitares à l’appui). Les rares plages lentes (“Moving Slowly In The Dark”, “Crosses On The Hill”, “Light Of My Town”) et quelques nouveaux chevaux de bataille (tels que “Sad Song” et “Roads Of Freedom”) annoncent l’orientation que ne tarderait pas à prendre ensuite Bob en solo, sous ascendant Springsteen. En attendant, la Story quittait l’arène le poing dressé, après avoir dûment mis la capitale à genoux (Le Havre: 7, PSG: O).

Si chanter et jouer le rock en France (le vrai), s’est toujours apparenté à un acte de foi et de résistance, Little Bob en est en quelque sorte le Jean Moulin. Et en guise d’attestation à porter au crédit de son admission au Panthéon, ce live brûlant s’avère une pièce à conviction des plus probantes. Rocking Class Hero, forever!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co

PARIS-MOVE, June 5th 2025

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Tracklisting:

CD1:
1 Ringolevio
2 Shadow Lane
3 So Crazy
4 Green Back Dollar
5 Life Goes On
6 Moving Slowly in The Dark
7 Sad Song
8 Switchblade Julie
9 Hurt So Badly
10 Too Young to Love Me

CD2:
1 Motorcycle Boy
2 Roads of Freedom
3 Kick Out Of The Jam
4 Crosses On The Hill
5 Play With Fire
6 Light Of My Town
7 I Fought The Law
8 Riot in Toulouse
9 Nobody’s Born To Lose
10 Mad Dog
11 Tell Everybody the Truth
12 High Time