LITTLE BOB – ONE STORY Volume 1

CAT RECORDS
Rock 'n roll
LITTLE BOB - ONE STORY Volume 1

Cet album de Little Bob “One Story Volume 1″ était sorti en CD en 1999 sous la houlette du passionné Thierry Cattier, fan de Little Bob Story de la première heure, et aujourd’hui, toujours sous l’égide du même Thierry Cattier, ce recueil de raretés, de titres inédits, de versions différentes et alternatives, de moments intenses de pur rock’n’roll et de blues, qui retrace la fabuleuse épopée de Little Bob Story et de Bob en solo, de 1976 à 1998, avec ce côté trésor de Rackham le Rouge, où plutôt de Barbe-Noire, archives inexplorées avec Thierry Cattier dans la peau du Commandant Cousteau et de sa Calypso, et chefs-d’œuvre inexploités, bien que très loin d’être en péril, n’en déplaise à Stéphane Bern et à son brushing royal de droit divin et à son élocution versaillaise et absolutiste, vient d’être réédité en double vinyle 33 tours, remastérisé, pour un confort d’écoute optimal, pour un voyage sur rock’n’roll airlines en business class, avec Little Bob aux commandes, dans un cockpit transcendé et exalté par sa voix hors du commun et les spectres de Little Richard et de Howlin’ Wolf…
Indubitablement, nous avons tous un besoin vital de ces frissons, de ces montées d’adrénaline, de ces palpitations cardiaques, de la petite étincelle dans les yeux, de cette quête du graal et parfois-même de la larmichette qui coule délicatement sur notre joue, que procurent la voix extraordinaire de Bob, lorsqu’il chante avec ses tripes à la mode du Havre, et son cœur qui saigne sous le cuir rouge de son blouson, telle une bête blessée aux abois, voire désespérée, au fin fond d’une forêt inexplorée et inhospitalière. Une sorte de loup hurlant (Howlin’ Wolf) ou de chien des Baskerville, qui déchire le silence assourdissant d’une nuit noire d’ébène, à la croisée des chemins, le crossroad de Robert Johnson, en somme,  ou vers les docks aux pavés gras et humides de cette bonne ville portuaire, aux bonnes vibrations et au glorieux passé, qu’en 2023 on contemple avec respect, romantisme et nostalgie, comme un vétéran d’Omaha Beach se souvient du jour le plus long, de la Manche qui soudainement devenait rouge écarlate comme une toile de Dali ou un roman de Stendhal, avec la peur de ne jamais pouvoir atteindre cette terre de Normandie, dont il y a encore quelques jours, il se foutait éperdument aux confins de son Colorado natal. Bien évidemment, il ne s’agit pas d’un nouvel opus de Little Bob Blues Bastards, mais d’un double vinyle pour fans indécrottables et autres collectionneurs invétérés ou à destination de ceux qui auraient pu commette quelques infidélités à Bob, comme tentés par une force supérieure ou par la mode plume dans le cul, d’aller voir ailleurs si la soupe était meilleure et qui après avoir bu le calice jusqu’à la lie, aspirent à revenir au bercail, discrètement, honteusement, la queue entre les jambes et les oreilles rabattues, tel un chat qui vient de déglinguer une souris. 18 titres, 18 pépites, de purs joyaux bien plus précieux que ceux qui ornent la couronne de Charles III, la monture des lunettes d’Elton John ou les Louboutin de Brigitte Macron… On retrouve entre autres valeurs inestimables, “Turn The Page” un titre de Bob Seger (démo de 1995), “Jimmy Tramp” version live de 95 en duo avec Beverly Joe Scott, titre exceptionnel qui se trouvait sur l’album culte de Little Bob “Lost Territories” enregistré à Los Angeles. “Switchblade Julie”, dans une version live de 94, avec en spécial guest Pascal Mikaëlian à l’harmonica et Claude Langlois à la pedal steel guitar, les deux inséparables acolytes du regretté Patrick Verbeke. Ce titre original se trouvait sur l’album de la Story “Light Of My Town” de 1980. “The Fever” dans une version live de 87, aérée et bluesy, avec Joël Drouin au piano. Bien entendu, il s’agit du classique de Springsteen, à l’époque où les albums du boss étaient écoutables et dignes d’intérêt, et surtout sans l’insupportable saxophoniste actuel, Jake Clemons, à ses côtés. “Hurt So Badly”, démo de 83, titre qui se trouvait en face B du 45 tours “Too Young To Love Me” de 1984. Ou encore “You’ll Be Mine” de Willie Dixon, dans une version live et débridée de Little Bob Story en 76, juste avant que le groupe atteigne son apogée avec l’album “Living In The Fast Lane” de 1977, qui allait montrer aux anglais de quel bois se chauffaient les havrais au look patibulaire. Je ne peux malheureusement citer tous les titres qui composent ce double vinyle événement, pour ne pas tuer l’effet de surprise et pour ne pas rendre mon humble chronique, aussi indigeste qu’un mille-feuille après une choucroute de la maison Schmid Gare de l’Est, ou aussi confuse qu’une blagounette salace de Roselyne Bachelot chez Ruquier, autre havrais mais beaucoup moins indispensable que Bob.
A travers ces 18 titres, on peut apprécier ou se remémorer, le talent et le feeling de certains musiciens, qui ont eu l’honneur et l’immense privilège d’accompagner Bob de 1976 à 1998: les guitaristes Olivier Durand, Gilles Mallet, Serge Hendrix ou Guy-Georges Grémy. Les batteurs Mino Quertier, Vico Rebibo, Nico Garotin, etc… Les bassistes Barbe-Noire (Dominique Lelan), François Géhin ou Bertrand Couloume. Les pianistes Joël Drouin et Nicolas Noël… C’est quand même incroyable les sensations, de telles jouissances, de telles ivresses, de telles érections cérébrales, physiques et incontrôlables que procurent le blues et le rock’n’roll de Little Bob,  Roberto Piazza pour l’Etat Civil, qui a débarqué au Havre avec ses valises, venu d’Alexandrie (Piémont), bien avant la déferlante Little Bob Story qui ira même faire trembler les anglais outre-Manche, distiller des leçons de rock’n’roll, d’authenticité, d’intégrité et surtout, se faire respecter dans les clubs de Londres. Alors qu’il vient de fêter ses 78 printemps le bras dans le plâtre, Bob reste toujours fidèle au Havre, à ses docks, à ses grandes avenues venteuses, et à son urbanisme imaginé par l’architecte Auguste Perret à la fin de la seconde guerre mondiale. Mais bien que fidèle à cette bonne ville portuaire de Normandie, longtemps considérée (et à juste titre!) comme la capitale du rock en France, avec un nombre incalculable de groupes (et des bons!) au m2, Bob n’oublie pas ses racines italiennes. “Je suis rital et je le reste”. Rassurez-vous, mes amis, c’est le seul et unique parallèle que je ferai entre Claude Barzotti et Ti’ Bob! Par contre, je peux aisément citer le remarquable acteur/ chanteur Bruno Putzulu, grand fan de rock’n’roll, sans m’attirer les foudres des lecteurs de Paris-Move et sans recevoir une multitude de pierres dans la tronche. Putzulu étant d’origine sarde et normande, mais de Pont-Audemer et Toutainville dans l’Eure. Car pour un groupe de rock, mentionner Le Havre dans une biographie, préciser avoir joué avec Little Bob (Story), c’était comme avoir la carte de membre d’honneur du Rotary-Club, avoir l’immunité diplomatique, avoir trois étoiles au Michelin, avoir le feu vert pour un crédit à la Société Générale, sortir de l’ENA avec un curriculum vitae alléchant ou être grand pontife ou grand maître au sein de la maçonnerie, mais celle-là sans pioche ni truelle.
Dans “One Story Volume 1″, on retrouve toutes les sempiternelles influences majeures de Bob. De Robert Johnson, en passant par Otis Redding, Tom Waits, Captain Beefheart, Sam & Dave, Little Richard, John Trudell et tous les chants tribaux amérindiens, sans occulter le bon vieux rock anglais des 60’s, allant des Rolling Stones, Kinks Animals, Eric Burdon et Sorrows… Bob s’étant toujours situé entre Willy DeVille et Southside Johnny pour le groove et le feeling. La voix d’un écorché vif pour le blues et celle d’un indéboulonnable rebelle pour le rock’n’roll. En 1999 le CD s’imposait, comme aujourd’hui le double vinyle s’impose, pour ne pas occulter l’immensité et l’importance de l’œuvre discographique et du parcours sans concession de Little Bob. Même si sa musique a évolué, les cheveux qui ont blanchi, quelques rides sarcastiques apparues sur son visage, le poids des ans et du rock sur les épaules, les stigmates d’une vie exaltante et trépidante brûlée par les deux bouts, après avoir juste effleuré la gloire du bout des doigts, connu le succès et d’incroyables galères, l’amitié et les trahisons, les trahisons qui font morfler et mettre un genou à terre, celles qui font se relever et rendent encore plus fort… Bob est toujours le rocker-rebelle de ses débuts, entre la rue des Chantiers et la Porte Océane, la foi est restée intacte et rien que pour ça, il mérite qu’on se précipite chez son disquaire préféré afin de faire l’acquisition de ce double vinyle stratosphérique et indispensable! On attend avec impatience d’autres surprises de la part de Thierry Cattier et du label Cat Records, mais je ne vous ai rien dit…!!! Merci Bob, merci pour tout, merci d’exister et d’avoir été et d’être toujours un pan indestructible de ma vie, de m’avoir accompagné via ta musique, lors des moments de bonheur, d’utopie et d’euphorie, et lors des petits matins chagrins, blafards et frisquets. L’un des derniers francs-tireurs, l’une des dernières légendes urbaines habite au Havre et s’appelle Little Bob. Que Dieu te bénisse et bénisse le rock’n’roll (sans vouloir paraphraser Eddy Mitchell).

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, May 17th 2023

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