LITTLE BOB BLUES BASTARDS – We Need Hope

Verycords
Blues-Rock
LITTLE BOB BLUES BASTARDS - We Need Hope

À part Johansen, les Dolls sont tous morts et enterrés, et il en va de même pour les Ramones, ainsi que de Phil May et Joe Strummer. Les Inmates et Eddie & The Hot Rods sont aux fraises, et en dépit de leur longue et vaillante résistance, les Pretty Things aussi. À part les Fleshtones, Lords Of Altamont, Fuzztones, Godfathers, King Khan et autres Sonics (pour ce qu’il en reste), à qui se raccrocher encore, pour peu que l’on ait encore foi en cette ultime croyance post-moderne que des apprentis-sorciers en marketing baptisèrent jadis le rock n’ roll? À peine trois ans plus jeune que Van Morrison, Roberto Piazza n’en persiste pas moins, en dépit de l’âge limite pour lire le Journal de Tintin, à garder ce Fort Alamo qu’est devenu, au fil des vogues et des ans, ce rock auquel nous avions adhéré pour tant d’entre nous comme on entre en religion. Avec toujours aux avant-postes Gilles Mallet, guitar-slinger acéré, ses Blues Bastards sonnent désormais comme la synthèse de toutes les périodes de sa carrière (désormais en passe de couvrir le demi-siècle). De la plage titulaire en forme de manifeste (sur tribal beat peau-rouge) au pub-rock séminal (les imparables “I Was A Kid” et “Looking For Guy-Georges”, en hommage au guitar spadassin originel de la Story), en passant par le blues bastringue chaloupé et claudiquant (“Ready to Fly”) et les latino tex-mex façon Willy DeVille (“Long Legs” et le lugubre “You Can’t Come Back”, dédié à sa Mimie chérie, de la perte de laquelle il demeure inconsolable), la smala (Bertrand Couloume à la double-bass, le souffleur de lamelles Mickey Blow, Nicolas Noël aux claviers et le neveu Jérémy Piazza aux baguettes) assure impérieusement de bout en bout. Hommage à son grand-père Rital ayant combattu le fascisme sous Benito Mussolini, la transposition rock de l’hymne anarchiste “Bella Ciao” augure de luttes qui s’annoncent encore, tandis que le libéralisme le plus cynique célèbre une fois de plus sa victoire en faux-semblant dans notre Hexagone déboussolé. Le rock n’ soul spaghetti façon Celentano et Nino Ferrer frappe aussi en beauté (“Il Bello Della Vita”), de même que le mid-tempo rock vicelard à la Johnny Kidd (“Walls And Barbed Wire”, auquel la guitare au scalpel de Mallet administre le death kiss fatal), tandis que la ballade “Made For Me” ravive les romantic sixties de Rod The Mod, David Jones et Donovan. Autre marotte de Bob, Steve Marriott ne demeure pas en reste, avec la cover du “Natural Born Boogie” qui signifia l’acte de naissance de Humble Pie, et celle du “Where Have All The Good Times Gone” des Kinks (que Bowie reprenait déjà sur son “Pin Ups” voici un demi-siècle) revêt, sous la patte des Blues Bastards, une salutaire ironie. L’énergique adaptation du “Freedom” de Richie Havens qui ferme le ban confirme si besoin était toute la pertinente actualité de son inspiration. Ne cherchez plus qui garde de nos jours encore les clefs du sanctuaire: same as ever, le véritable taulier, c’est Little Bob. He’s alive & well, and living in Le Havre. Certes blessé, mais pas mort pour deux sous, il n’a peut-être jamais mieux chanté qu’ici… S’il devait n’en rester qu’un, faisons donc en sorte que ce soit celui-là.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 15th 2022

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En concert le vendredi 20 mai au Splendid de Lille.
Adresse: 1 Pl. du Mont de Terre, 59800 Lille, France.
Billetterie en ligne ICI

Little Bob Blues Bastards – We Need Hope (Official Video):