Little Bob Blues Bastards – Break Down The Walls

Dixiefrog
Blues

Le premier paradoxe réside dans le fait que c’est seulement le quatrième titre qui est signé Don Van Vliet, alias Captain Beefheart, alors que dès le premier de la galette, c’est directement son emprunte que l’on ressent sur ce ‘Break Down The Walls’. Et l’on ne s’en plaindra naturellement pas, tant le magnétisme exercé par notre Bob national est de la même puissance que celle du Captain. Ce qui explique sans doute il fait partie des personnes remerciées à l’intérieur de la pochette par Monsieur Piazza. Mais en réécoutant cet album je me dis que tout ceci n’est peut-être, après tout, que le résultat d’influences multiples qui ont porté leurs fruits. Sentiment qui se voit confirmé dès le riff de ‘Run You Off The Hill’, second track signé Victor Brox et Aynsley Dunbar. Ce même Aynsley qui fut le batteur de Frank Zappa du temps où ce dernier était encore pote avec le capitaine coeur de boeuf. Etrange hasard ou choix délibéré…? Peu importe, car le Blues réunit tout le monde, ici! Pas un de ces Blues de campagne, de champs de betteraves ou de maïs (faute de coton), mais celui des villes, du cambouis, des cités portuaires et de tout ce qui laisse des traces aux mains des ouvriers. Treize morceaux interprétés par une bande de loulous qui savent ce que c’est la ville et toutes ses illusions. De ceux à qui il ne faut plus en promettre de trop parce que leurs instruments peuvent s’avérer être plus craignos que certaines armes blanches. Gilles Mallet est à la guitare, Bertrand Couloume à la contrebasse, Mickey Blow à l’harmonica et le neveu du Leader, Jérémie, à la batterie et aux percussions. Un invité est aux claviers, Nicolas Noël. Seuls quatre morceaux sont de Little Bob, parce ce qu’il voulait cette fois ci rendre hommage à un genre musical qui l’avait autant marqué que le Rock, et plus encore à certains titres composés par des bonshommes qui l’avaient spécialement impressionné lorsqu’il était plus jeune. Double célébration, donc, à des titres emblématiques d’une part et à des Bluesmen fameux d’autre part! Et tout cela est joué de manière saignante à point, sans retenue! Des titres qui sentent bon le bitume, les ruelles mal éclairées et la crasse qui recouvre tous nos espaces de Liberté. L’Hôtel des Coeurs brisés parachevant cet album en guise de conclusion!

 

De chez Dixiefrog nous vient (une fois de plus) un album superbe dans un digipack tout aussi éclatant que la zik qu’il nous offre. Un blues puissant qui nous propulse dans le passé et le présent à la fois au travers d’un robuste mélange d’hommages et de titres originaux. De sa voix puissante et rocailleuse, le Bob nous revient avec une pêche d’enfer, comme celle qu’il avait ressentie en écoutant ses tous premiers albums de Blues. Epaulé par de vieux renards et de jeunes loups, il se donne, et sans compter. Ca envoie et la voix rugit quand il le faut. En vieux routier à qui on ne donnera jamais de leçon, Gilles Mallet étincelle sur tous les titres, avec toujours ce tonus en vrac qu’il a à revendre. C’est incontestable, Bob et ses compères ont retrouvé comme une sorte de seconde jeunesse en ayant ouvert la porte du combo à de jeunes pousses. Cela vous donne une passion retrouvée, un blues urbain enragé et engagé, le genre de truc qui vous fait bouffer les CD par dizaines tant vous vous sentirez obligé de replonger dans le répertoire des anciens, ceux qui ont forgé le blues à mains nues.
Un superbe album débordant d’énergie. Du sang neuf pour une musique qui n’a pas le privilège des emplacements clés dans les rayons CD et qui en mériterait une, pourtant, rien que parce qu’elle ouvre de bien beaux horizons. Un ‘Indispensable’ qui transpire les 70’s et le blues des années d’avant, celles où l’on ne connaissait ni le téléchargement ni le virtuel.