Il suffit parfois de presque rien pour qu’un disque prenne, d’un seul coup, une autre dimension ; comme si la quatrième ne suffisait plus. Dès l’entame de ce ‘(Red) Trees’ vous êtes embraqués dans un univers où finesse se conjugue avec aspérités, où rigueur s’effrite pour mieux éparpiller vos conceptions d’une musique calibrée, où saveurs et couleurs vous font goûter la différence avec ces musiques aseptisées que l’on vous assène sur les radios commerciales.

 

‘(Red) Trees’, c’est l’invitation à un voyage musical initiatique sous la baguette d’une Lisa qui vous servira de guide chamanique au travers des douze plages proposées ici. Tous les climats sont sereins et la voix de Lisa fragile à souhait, à la limite parfois de la rupture sensuelle, comme dans ‘Annette Tessier’.

 

Quelques passages plus vénéneux, comme dans ‘White Leather Pants’ vous feront ressentir que la belle Lisa n’est pas qu’une fée, mais aussi une sorcière, une grande prêtresse, une ombre voilée que l’on voit dans le désert alors que le soleil vous fait délirer.

 

Entourée de deux excellents musiciens français, le batteur Johan Guidou et le guitariste pianiste Matthieu LeSenechal, ainsi que de quelques invités comme le guitariste Laurent Parisi ou Thomas Huiban à la basse, Lisa Papineau propose au travers de ce superbe opus une nouvelle étape dans sa démarche créative en s’orientant vers un minimalisme qui oblige, qui contraint à la perfection pour ne pas décevoir.

 

Petite note de grandeur dans cet univers léger et ouaté que propose Lisa Papineau (artiste américaine, même si l’orthographe de son nom pouvait laisser à penser que…) : l’orgue au son si majestueux utilisé sur plusieurs titres de cet album est le grand orgue de l’église Saint Géraud, à Aurillac.

 

 

Frankie Bluesy Pfeiffer