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De l’électro-pop israelo-persane chantée en farsi? Pour qui n’entrave rien à la complexité géopolitique du Moyen-Orient, ce sera sans doute du chinois. Il n’empêche que la vivacité avec laquelle le timbre entêtant de Liraz Charhi enfourche ces rythmes orientaux, sur des arrangements mêlant intimement instruments traditionnels et synthétiques, a tout pour séduire. Véritable star en Israël, cette enfant d’exilés iraniens chassés par la révolution islamique a d’abord connu le succès en tant qu’actrice dans quelques notoires productions hollywoodiennes, ainsi que sur les petits écrans des deux côtés du Jourdain (la série “Téhéran”). C’est à Los Angeles que Liraz prit conscience de l’importante diaspora iranienne dispersée de par le monde (jeu de mots de circonstance), ainsi que du rôle prépondérant qu’y exercent les femmes. C’est à leur reconnaissance et à l’espoir de leur émancipation qu’elle consacre ce second album chanté en farsi (après deux premiers LPs en hébreu, et “Naz” en 2018 – notez la cohérence sur le plan titulaire). Sur les mélancoliques et lancinants “Shab Gerye” et “Lalai”, elle côtoie la puissance évocatrice de la grande Fairuz quand cette dernière égrène son propre fado libanais, tandis que les autres plages proposent un message résolument politique sur des beats n’en demeurant pas moins dansants. Réalisé avec la participation active de musiciens iraniens contraints à l’anonymat (afin de préserver leur propre sécurité), cet album propose en ghost-track une poignante ballade chantée par l’un de ces clandestins, s’accompagnant d’une simple guitare acoustique. Alors que l’on s’attendait à un exotisme quelque peu suranné, on s’en trouve au contraire subjugué: l’éclatante confirmation d’un talent majeur.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 11th 2020

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