LINO MUOIO – Mandolin Blues – Vedi Napoli E Poi… Muoio!

Bloos Records / Phoebus Musik
Blues
LINO MUOIO - Mandolin Blues - Vedi Napoli E Poi… Muoio !

Comme l’indique le titre de cet album, le bluesman napolitain Lino Muoio s’est pris de passion pour la mandoline. Instrument d’origine italienne, cette dernière s’est aussi exprimée dans le blues, mais surtout avant la seconde guerre mondiale. S’il n’en subsiste plus guère d’héritiers sur la scène actuelle (hormis le Suisse Hank Shizzoe, et les Américains Paul Blinkley, Dana Rath, et Matt Flinner), de grands instrumentistes tels que Yank Rachell pour le blues, ou encore Bill Monroe dans le bluegrass, n’en ont pas moins marqué la musique populaire américaine d’antan. Que ce soit à la guitare, à la mandoline ou au banjo, Lino Muoio a contribué à plus d’une vingtaine d’albums collectifs en un quart de siècle (dont au moins trois au sein du groupe vétéran Blue Stuff, et un avec le Corey Harris Trio), et en a publié cinq en solo, dont voici le dernier en date. Il est regrettable que l’exemplaire promotionnel qu’il nous a adressé ne mentionne pas les noms des musiciens impliqués, car si la mandoline ne s’y avère pas toujours l’instrument prédominant, la section rythmique et l’harmonica que présente la plage d’ouverture se révèlent aussi remarquables que la guitare électrique qu’y manie Lino. Principalement chantés en italien, les douze originaux que comporte ce disque, s’ils proposent un Chicago blues électrifié de bon aloi, n’en expriment donc pas moins un exotisme réjouissant. Quand la mandoline fait son entrée (sur le reggae “M’Aggio Sunnato”, démarqué du “Blue Light Boogie” de Jesse Mae Robinson, le guilleret “Mandolin’ Bop” ou encore le talk-over “O Café”), elle évoque le ragtime débonnaire et primesautier du regretté Leon Redbone, tandis que sur le trépidant “Dicitencello Boogie”, elle dialogue avec un piano alerte et le même harmonica incendiaire, dans une frénésie digne d’Adriano Celentano. Traduit en “Toledo”, le “Too Late” de Little Walter Jacobs s’avère un brillant exercice entre les mains des mêmes fondeurs d’ivoires et de lamelles, tandis que le “Tell Me Mama” du même auteur (ici “Siente Mama”) en approche également la performance. Le swinguant “Speak No America” propose de facétieux chœurs féminins dans la veine des Andrews Sisters, tandis que “You Gotta Run” s’avère un irrésistible boogie-woogie, propulsé par un piano effréné, un harmonica éruptif et les mêmes délicieuses choristes. Avec le renfort bienvenu d’un violon sinueux et d’une wash-tub bass, “Pomigliano Baby” convoque des références appalachiennes, avant que le lancinant “Tu” ne ferme le ban sur le mode Chicago shuffle lancinant qu’affectionnaient Buddy Guy et Junior Wells au temps de leur splendeur. Comme en témoigne ce disque, le blues, déjà sujet de tant de métissages, s’accommode également fort bien de la sauce napolitaine.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, December 7th 2021

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Mandolin’s Bop:

Siente Mama:

Speak No America’: