LINDSAY BEAVER & BRAD STIVERS

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Blues
LINDSAY BEAVER & BRAD STIVERS - Vizztone

Blanche, jeune et longtemps dotée d’un look représentatif de la scène psychobilly, Lindsay Beaver n’affichait pas le profil type d’une artiste Alligator, quand elle y publia son “Tough As Love” voici presque trois ans. Originaire de Halifax au Canada, elle se trouvait alors déjà à la tête de cinq albums (dont trois autoproduits), et dirigeait depuis son drum-kit son propre trio, où sévissait déjà le jeune Brad Stivers. Né en 1991 dans le Colorado, au sein d’une famille de militaire, ce dernier déménagea au gré des affectations paternelles, avant d’atterrir à Arlington, dans l’État de Washington, où il contracta de front le virus du  blues et celui de la guitare. De retour au Colorado pour s’y inscrire à l’Université, il y fonda en 2010 son tout premier band, Bad Brad & The Fat Cats, avec lequel il écuma les clubs locaux, ainsi que la majorité des festivals des environs. Après qu’ils eurent représenté leur État lors de l’édition 2014 de l’International Blues Challenge de Memphis (pour y aboutir en finale), Brad décida d’emménager dans la mecque du blues texan, Austin, d’où il signa en 2017 chez Vizztone pour un premier album, “Took You Long Enough”, suivi depuis par un EP six titres. C’est sans surprise sur la base logistique de Lindsay à Halifax que nos deux tourtereaux sont partis enregistrer cet album, dans le studio du guitariste Garrett Mason. La plage d’ouverture, “One Condition”, les présente chantant à l’unisson sur ce typique Texas-shuffle, avec pour invité rien moins que l’immense Kirk Fletcher. Un beat que Lindsay maîtrise manifestement à la perfection, puisqu’elle le reprend pour son propre “I Know What To Do” (avec cette fois pour guest l’harmoniciste Joe Murphy), avant que Brad ne reprenne le micro pour la soul ballad “Hesitate”, soutenue par l’orgue de Barry Cooke (qui assure par ailleurs la basse sur la moitié des titres). Garrett Mason s’invite à son tour à la guitare pour le vintage rock “See You Again”, où il croise le fer avec un Stivers manifestement aux aguets, tandis que Lindsay y rappelle à bon entendeur la sentence de Bruce Iglauer à son encontre: “on croirait l’enfant naturel de Little Richard et Amy Winehouse”.  Sur le jump enlevé “Getting Gone”, Brad démontre ce que de valeureux aînés tels qu’Anson Funderburgh, Jimmie Vaughan et autres Mike Morgan lui ont transmis, et c’est un feu d’artifice de guitar licks, virevoltant entre swing et blues. Pas en reste en matière de soul, Lindsay Beaver tutoie la mémoire de la grande Etta James sur l’émouvant “Take It Slow”, mais elle reprend vite les rênes du shuffle pour un “Be Alright” que n’auraient assurément pas renié les T-Birds ou Smokin’ Joe Kubek. Faut-il préciser que Stivers s’y montre une fois encore impérial aux six cordes? Zach Zunis s’invite ensuite pour le rockabilly blues “You’ve Got No Right”, que Lindsay chante comme une Patsy Cline en pétard. Côté guitares, on a la saisissante impression d’assister à une empoignade virile entre Paul Burlison (guitariste du Johnny Burnette Trio) et Hubert Sumlin, sous l’œil ébahi de Brian Setzer (autant dire que ça ne plaisante pas). À nouveau chanté à l’unisson par Lindsay et Brad, le swamp blues de Slim Harpo et Lazy Lester se déhanche au fil d’un “It’s Love” que n’auraient pas boudé non plus Lou Ann Barton et son ex-chevalier servant, Jimmie Vaughan. Mais, me direz-vous, il reste une obligation texane à satisfaire pour que le contrat soit pleinement rempli, et c’est le passage obligé par un slow blues bien écorché. Brad Stivers s’y soumet illico, via le renversant “Somebody Else Will”, où sa guitare réalise un véritable tour de force, tandis qu’il le chante d’un timbre délibérément nasal et vieilli. Pour l’en remercier, Lindsay lui concède le phénoménal instrumental jump “Slim Pickin'”, où il divise généreusement la part du lion avec l’orgue de Barry Cooke. C’est à Lindsay que revient le mot de la fin, pour un “You’re So Fine” qu’elle chante seule, en s’accompagnant à la guitare. Avec ces deux là, l’avenir du blues texan semble définitivement entre de bonnes mains!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, August 14th 2021

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