LI’L RONNIE & THE GRAND DUKES – Got It ‘Live’ From ’05

EllerSoul Records
Swing Blues
LI'L RONNIE & THE GRAND DUKES

Nous vous avions présenté l’harmoniciste et chanteur Ronnie Owens lors de la parution de l’album “Pacing The Floor” de son Blue & Lonesome Duo (avec le guitariste Gordon Harrower, et chroniqué ICI). Ces deux-là figuraient alors déjà au line-up d’une formation plus étoffée, Lil’ Ronnie & The Grand Dukes, dont Owens nous adresse à présent cet album enregistré en public au Loafers Beach Club de Raleigh (Caroline du Nord), quinze ans avant que le confinement généralisé ne fige le monde entier en pause forcée. Ronnie est un old stalwart de la scène locale, dont les premiers faits d’armes recensés datent de 1967, au sein du Second Coming Blues Band. Avec une bonne douzaine d’albums à son actif (que ce soit avec The Grand Dukes, The Bluebeats, Terry Garland, ou auprès de Big Bill Morganfield) et pour sponsor officiel le célèbre fabricant d’harmonicas Hohner, il collectionne les prix et les nominations. Sensiblement différents de leur line-up actuel, les Grands Ducs de 2005 comprenaient, outre Ronnie, le guitariste Robert Frahm, le bassiste Bryan Smith, le batteur George Sheppard et le claviériste John Fralin. Les festivités débutent avec le sautillant original “Mellow Chick” (sans rapport avec son quasi-homonyme chez Little Walter), co-signé par Robert avec Mike Dutton (tout comme les trois autres qui jalonnent cette collection). L’ambiance est festive, et le quasi-rockabilly “Bettin’ On My Baby” persiste dans le même esprit jump, la guitare de Frahm s’y exprimant en solo dans la veine d’un Cliff Gallup en grande forme. Ce n’est pas le “Cross Eyed Susie Lee” de George ‘Harmonica’ Smith qui nous éloignera de la West-Coast, et le leader y cède à nouveau la parole aux six cordes (inspirées cette fois de Pee Wee Crayton), avant de s’octroyer deux magistraux soli dans la veine de Lazy Lester et Sonny Terry sur le swamp shuffle “Life Changes”.  Au cours du languide “Early Monday Morning” du même Smith, Frahm lorgne carrément vers T-Bone Walker, tandis que Ronnie en fait autant envers son auteur. L’instrument du patron reprend ses droits pour la cover du “Hey Little Girl” du Texan Zuzu Bollin, avant que l’orgue Hammond de Fralin et les sticks de Sheppard ne fassent chalouper le mambo “Love Trance”, où la guitare de Frahm se taille à nouveau la part du lion avec brio. Ce set se conclut en beauté avec une version effrénée du “Rock This House” de Jimmy Rogers, au fil duquel la guitare achève d’escalader les cintres en diverses acrobaties typiquement fifties. Il eût été dommage que ce live demeurât dans les catacombes, mais en dépit de la jubilation communicative qu’il inspire, Owens et Fralin ont tenu à nous gratifier en bonus tracks de trois avant-goûts de leur prochain album studio, avec un personnel renouvelé : outre Gordon Harrower à la guitare, on y dénombre désormais John Coppenger à la basse et Michael Gallagher aux baguettes, et ils délivrent une très chouette version du “I Need Your Love So Bad” de Little Willie John (dont le Peter Green’s Fleetwood Mac sut en son temps faire le hit que l’on sait). Un disque hautement vivifiant, rappelant à point nommé l’exubérance joyeuse de Paul Lamb & The Kingsnakes au temps béni de leur propre “Fine Condition”.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, September 22nd 2023

:::::::::::::::::::

Album proposé ICI