LIGHTNIN’ MALCOLM – Eye Of The Storm

Whiskey Bayou Records
Blues
LIGHTNIN' MALCOLM - Eye Of The Storm

Ne vous laissez pas abuser par son artwork façon hip-hop blockbuster, le feeling de cet album s’avère moins urbain et tapageur que ne le laisse supposer son visuel. Né dans le Missouri fin mars 1974, le guitariste, chanteur (et à l’occasion aussi bassiste) Lightnin’ Malcolm n’en est pas moins attaché à la veine vernaculaire du fameux Hill Country Blues, patrie des Junior Kimbrough, T-Model Ford et autres RL et Cedric Burnside (il collabora d’ailleurs avec ces trois derniers, et accompagna en tournées les North Mississippi All Stars). Brute et incantatoire, la musique de cette région rurale et économiquement sous-développée procède d’une emprise souvent proche de l’envoûtement. Ce ne sont pas des shuffles pesants et boueux tels que “Crawlin’ Baby”, “Louisiana Breeze” et “Let’s Get Together”, voisins des métriques aléatoires du jeune John Lee Hooker ou de Lightnin’ Hopkins, qui le démentiront. Ceci n’empêche pas Malcolm de verser sur la ballade titulaire (et dans le funky “Too Many Nights”) dans cette blue eyed swamp soul que pratiquaient des Louisianais tels que Bobby Charles et Tony Joe White. Si son timbre vocal s’éclaircit alors sensiblement, son jeu de guitare y demeure aussi articulé qu’aventureux. Captés en trio de bout en bout (avec le batteur Brady Blade, ainsi que le bassiste Tony Hall, dont les états de service mentionnent les Neville Brothers), la plupart de ces onze originaux s’inscrivent sans ambiguïté dans la ligne du Hill Country Blues de ses glorieux aînés, et dans la même tradition que célèbre son complice Cedric Burnside. Ainsi de l’enlevé “Modern Reminder”, des lascifs “Latest Devil” et “Provide”, ou de l’instrumental virevoltant “Jungle”. Assurant également les parties de batterie sur trois titres, Tab Benoit produit le tout depuis son studio, et publie le résultat sur son propre label maison. Si de tranquilles funks dépouillés tels que “Lift Us Up” n’auraient pas déparé certains albums de Lennon (“Mother” ou “Mind Games”), l’impétueuse inventivité du jeu de Malcolm sur les six cordes y bénéficie de l’appui permanent d’une rythmique aussi solide que fluide. En apôtre confirmé d’une branche spécifique et essentielle de nos musiques de prédilection, Lightnin’ Malcolm mérite la reconnaissance à laquelle accède de nos jours son ami Cedric. Mesdames et Messieurs les tourneurs, à vous de jouer!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, April 5th 2023

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