Blues |
La première ligne qui figure dans le livret de cet opus est révélatrice de que ces fichus docteurs vont vous administrer comme médocs, les trois lascars qui forment Les Witch Doctors remerciant en préambule les ‘bons génies du blues, pour la passion et pour l’inspiration’. Car c’est un fait, les bons génies du blues se sont penchés sur le berceau des trois bluesmen, leur offrant non seulement talent mais aussi et surtout ce qui fait toute la différence, ce sentiment d’amitié et de camaraderie qui transpire tout au long de l’album et qui fait de vous un pote à vie de ce trio.
Pour ne rien vous cacher, c’est avec une certaines impatience doublée d’une excitation toute spéciale que j’ai glissé la galette dans le lecteur, tous les titres étant interprétés en français et Paris-Move étant tout particulièrement attentif à ce qui se fait en langue française, ne serait-ce que pour attribuer ce Prix du meilleur album de blues en français que Paris-Move remet lors du Tremplin du festival Blues sur Seine.
Autant vous le dire de suite et tout net, c’est non seulement une excellente surprise, ce ‘Born on the Bocage’, mais c’est une belle claque dans la gueule à tous ceux qui ne jurent et ne chantent qu’en anglais (et assez souvent avec une mauvaise intonation ou prononciation).
A la façon de ce que ces Witch Doctors ont glissé au début de leur livret, ‘un grand merci’ et un grand bravo à Jean-Christophe Pagnucco qui signe toutes les musiques et paroles. Un candidat sérieux, très sérieux pour le Prix Paris-Move, je peux déjà vous l’annoncer, si cette formation se présente à l’édition 2011 du Tremplin Blues sur Seine. Voilà qui est dit.
Mais Les Witch Doctors, c’est un trio, et aux côtés de Jean-Christophe Pagnucco au chant et à la basse, voici à ma gauche Olivier Gebenholtz à la batterie, et à ma droite Emmanuel Desnos à la guitare. Un trio qui vous envoie un blues bien frais et bien léché, acidulé quand il le faut, pimenté et débridé quand nécessaire, avec cette ‘french touch’ qui fait la différence lorsque le charme laisse place à la séduction. Une séduction qui vous fera frissonner, comme sur ce superbe solo de guitare sur ‘Rien de nouveau aujourd’hui’.
Sûr que le bocage n’est pas le bayou et que le blues made in bocage n’est pas aussi poisseux que celui du Mississippi, mais il est tout aussi roots et collant aux semelles de vos godasses. Et lorsque vos pas commencent à devenir plus lourds, c’est avec un rock décoiffant et speedé (moins de deux minutes) que les docteurs vous font monter la température sur ’40 de fièvre’.
Côté compos, soulignons encore et encore le talent d’auteur de J-P Pagnucco et la qualité des textes, comme sur ce très beau ‘Sortir d’ici’ et le nom moins excellent ‘Les fleurs fânées’. Avec ‘D’amour et de zydeco’, les docteurs vous propulsent en Louisiane, histoire de faire plonger leur blues dans des teintes diversifiées et de ne jamais rester en ligne droite. Puis, avec ’40 de fièvre’, vous appuierez comme un malade sur la touche ‘replay’, histoire de faire revenir ces foutus docteurs pour qu’ils vous baladent une nouvelle fois dans ce bocage bluesy.
Un album réussi et qui donne une sacrée fierté au blues made in France.