Rock

En dépit de leur nom évoquant les périls sanitaires que peuvent présenter certains plats préparés surgelés, les FATALS PICARDS ne nous veulent aucun mal. Du moins, tant que nous ne sommes ni bretonnants, ni médiévistes, ni dictateur Nord-Coréen, ni dirigeante allemande, ni adepte de marchés publics douteux. Pour leur neuvième album studio en vingt ans d’existence, ils cartonnent en une douzaine de vignettes les tabous alimentaires (“Sucer Des Cailloux”), le cynisme industriel (“Béton Armé”), les suprémacistes blancs (“Turlututu”) et le Puy-Du-Fou (“C’est La Fête Médiévale”). Entre Elmer Food Beat (“20 000 Lieux Sous Les Polymères”, “Rebecca” et ses cors anglais façon “Penny Lane”), Renan Luce (“Morflé”, “Mon Arbre”) et les Odeurs de Ramon Pipin (l’imparable parodie d’Indochine que s’avère “Angela”), le quatuor des FATALS PICARDS n’est certes pas le dernier pour la gaudriole. À preuve, s’ils accueillent en guests les pseudo-comiques de France Inter Meurice et Vanhoenhacker (où va se nicher le troisième degré), ils reprennent aussi l’inénarrable “Banana Split” de Lio avec celle-ci en very importante personne. Faut-il pourtant souligner combien, sous ces multicouches de dérision, battent de concert quatre cœurs d’instrumentistes aussi compétents que polyvalents tous corps d’état (du heavy-rock à l’électro, en passant par le folk surventilé, la pop orientale, le boogie, les chœurs de la Néva et la bourrée auvergnate)…? Sans parler d’une amère conscience sociale désabusée (“Dans Un Ciel De 1er Mai”). Comment résister à pareil étalage de goût et d’élégance…? Je me précipite illico au rayon Findus pour m’en reprendre une barquette!

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 24th 2019