| Chanson rock |
Attention les amis, les fins limiers de la PJ chère à Simenon sont sur les dents avec le 9mm Parabellum nerveux et fébrile, car le célèbre gang des lyonnais fiché sous le sobriquet Les Chics Types, est de retour avec un 6ème album intitulé “Comme Si”. Avec cet opus dont le résultat dépasse allègrement l’entendement et nos espérances les plus inavouées, les cinq protagonistes de cette bande organisée du groove et du feeling, les cinq patibulaires de cette association de malfaiteurs d’une certaine idée de l’esthétisme musical et du pop-rock à la française, sous la houlette et la complicité de Frédéric Pellerin, ont véritablement envie d’en découdre, de mettre la Croix-Rousse à feu et à sang, de faire suffoquer Fourvière, de réchauffer Gerland, de faire swinguer les tabliers de sapeur et de faire twister les quenelles de brochets dans le moindre bouchon aux nappes à carreaux rouges et blancs de la rue du Bœuf. Pour ceux qui se seraient coupés de la civilisation de l’ère moderne durant ces quinze dernières années, genre bête du Gévaudan dans le Rouergue ou homme de Cro-Magnon en Dordogne, Les Chics Types sont un groupe classieux et pas dégueu (comme dirait Serge Gainsbourg), à mi-chemin entre rock british, folk-blues des bayous infestés d’Alligators et pop onctueuse à la française, façon Dominique A, Kent, Miossec, ou L’Affaire Louis Trio du regretté Hubert Mounier… Mais surtout, une pop gorgée d’émotion, de poésie sous-jacente et d’ondes positives, une pop aux textes sans prétention, aux antipodes de la pop pessimiste, anxiogène, élitiste et arrogante de Feu! Chatterton, qui semble parfois s’égarer et confondre une salle de concert avec un amphithéâtre de la Sorbonne. Même si certains sujets graves comme le handicap infantile par exemple, sont abordés dans le 1er single extrait de l’album, sous le titre “Quand La Terre Se Dérobe”, avec la complicité de Kent, chanteur Zébulon monté sur ressort et punk énervé de Starshooter et de Hélène Piris, violoncelliste lyonnaise. Un titre à donner la chair de poule et à se noyer le nez dans son énième pot de Beaujolais. La voix de Christian Biral, chanteur-guitariste des Chics Types, se marie à merveille avec celle de Kent, sur un texte XXL du bassiste-harmoniciste Cédric Vernet qui prouve à de multiples reprises, à l’instar de Benoît Blue Boy, Jean Fauque, Boris Bergman, Patrick Coutin, ou encore Jean-Pierre Kalfon et Bruno Putzulu, qu’on peut faire swinguer les mots dans la langue de Molière et les faire sonner du feu de Dieu. On peut citer également les titres Dernier Western, entre Saône et Rhône, quand le quai Saint-Vincent se conjugue avec le Rio Grande et la Cité des Gaules avec El Paso, En 504, voiture mythique des jours heureux et d’insouciance, qui pourrait-être sponsorisé par la fameuse firme de Sochaux, Don’t Let It Go ou la reprise d’une réussite totale Les Filles De L’Aurore de monsieur William Sheller, le plus Beatles des musiciens auteurs-compositeurs-interprètes français, qui aspire inlassablement à être un homme heureux, comme dans un vieux rock’n’roll et à faire sempiternellement le grand écart entre La Messe de Requiem en ré mineur de Mozart et Love Me Do. Les Chics Types ont croisé la route de Jack Bon (Ganafoul), Magic Buck, Tony Marlow… partagé la scène avec eux, entre blues et rock’n’roll, collaboré en studio avec Fred Chapellier, Neal Black ou Ahmed Mouici… pour la petite note bleue. On connaissait Lyon et sa banlieue pour être un vivier de groupes contemporains ou pas, avec Ganafoul, Starshooter, Factory, Electric Callas, Killdozer, Marie et les Garçons, L’Affaire Louis Trio, etc… Les Chics Types font perdurer la légende d’un rock lyonnais, à la fois élégant, sophistiqué, mais méchamment rock’n’roll, voire irréductible. Avec “Comme Si”, le gang des Chics Types a passé aisément l’épreuve du feu, en espérant que l’album arrive toutefois jusqu’aux nids douillets de Charbonnières-les-Bains et de Tassin-la-Demi-Lune et qu’il franchisse sans encombre le péage de Villefranche-sur-Saône. Eux qui privilégient les harmonies, les compos et les arrangements, pour donner à leur pop-rock une touche singulière du meilleur effet, un peu comme les quatre garçons dans le vent de Liverpool dont j’ai oublié le nom, gravures de mode capillaire chez Franck Provost, qui je le sens, feront une honorable petite carrière. Pour conclure et pour paraphraser l’immense William Sheller, je souhaite qu’avec cet opus qui tutoie l’excellence et les étoiles, les Chics Types atteignent le Rock’n’Dollar. Pour moi, c’est un immense Coup de Cœur et tant pis pour mon pacemaker qui semble s’affoler au rythme de Don’t Let It Go. A écouter attentivement, et pas seulement en 504!
Serge SCIBOZ
Paris-Move
PARIS-MOVE, October 21st 2023
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