Livre

Selon le philosophe Jean Guitton, “être dans le vent, c’est avoir le destin des feuilles mortes”. Quatre garçons de Liverpool, déifiés de leur vivant, l’ont pourtant été sans l’avoir. A moins qu’ils aient eux-mêmes soufflé le vent, comme le suggère cette énième biographie (richement) illustrée des Beatles. Le retour du fils de la vengeance du plus mauvais critique rock d’Europe, Ernesto Assante, doit être accueilli avec la circonspection du chat échaudé qui craint l’eau froide. Ce volume, qui aurait nécessité une dernière relecture (le swinging London évoqué à  travers “Barnaby” Street pique les yeux), est pourtant recommandable. Signe des temps: les informations, pointues, restent fragmentaires par rapport aux bases de données Wikipedia. Deux exemples. La version de “Love Me Do” enregistrée en 1962 avec Andy White à la batterie parce que le producteur George Martin n’aime pas le style de Richard “Ringo Starr” Starkey (relégué au tambourin) n’apparait que sur les pressages européens du premier album. Et le film A Hard Day’s Night sur la beatlemania de 1963-64, avec fillettes en syncope et bobbies ébranlés, offre non seulement un rôle de figuration à Charlotte Rampling mais aussi à… Phil Collins! Il est tout à fait vrai que le morceau-titre, qui s’ouvre sur un accord unique plaqué sur 12 cordes Rickenbacker, marque le début d’une approche nouvelle, plus créatrice. Celle de Revolver (1966), issu de la technologie des studios, annonciateur d’une fin de carrière scénique. Et surtout du Sergent Poivre (1967), bande-son d’une contre-culture que l’université de Californie va idéologiser, sans que l’auteur, touchant de naïveté dans son numéro de perroquet qui répète l’histoire, la rattache aux “woke” révisionnistes des années 2010.

Jean-Christophe Baugé
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PARIS-MOVE, January 3rd 2021

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