Léopoldville 60

Baudoin Deville (dessins) / Patrick Weber (scénario) // Edit. Anspach
BD

Cette suite auto-conclusive du thriller géopolitique Sourire 58 raconte la décolonisation belge de 1960 telle que la vit Kathleen Van Overstraeten, hôtesse de l’air sur long-courrier Sabena entre Bruxelles et Léopoldville (le nom de Kinshasa, capitale de l’actuelle République démocratique du Congo, de 1881 à 1966). Rattrapé par l’Histoire – 60 ans après l’indépendance du Congo, sous la pression de la gauche révisionniste et déboulonneuse des statues de Léopold II, le roi Philippe de Belgique se perdra en contrition pour les souffrances infligées lors de la colonisation du pays – le scénariste Patrick Weber marche sur des œufs jusque dans le cahier de contextualisation en fin d’ouvrage. Pour autant, l’atmosphère de fin de régime est parfaitement mise en image, entre les aspirations du peuple congolais (l’indépendance sera prononcée le 30 juin 1960), l’angoisse des colons (35.000 d’entre eux seront évacués en deux mois par pont aérien) et les appétits des puissances étrangères (US, notamment, pour l’uranium, celui de la bombe atomique larguée sur Hiroshima en 1945 ayant été extrait à Shinkolobwe). La ligne claire de Baudoin Deville, qui privilégie les visages figés de trois quarts, n’est pas sans évoquer celle d’Edgar P. Jacobs et de ses succédanés. Citée au générique, la coloriste Bérengère Marquebreucq contribue aussi à magnifier les extérieurs, du marché indigène au jardin zoologique, par sa maîtrise des ombres portées. Léopoldville 60: un travail d’équipe pertinent qui augure du meilleur pour le troisième tome, Bruxelles 43, récit d’une capitale bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale.

Jean-Christophe Baugé
BLUES MAGAZINE/ JAZZ NEWS/ LEGACY (DE)/ METAL OBS’/ CLASSIC OBS’/ PARIS-MOVEROCK & FOLK

PARIS-MOVE, October 18th 2020

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