LEONARD COHEN

Belkacem Bahlouli // Éditions du Layeur
Livre
LEONARD COHEN

Au départ (sur ses trois ou quatre premiers albums), on peut comprendre que Leonard Cohen ait pu pâtir (un peu comme Willie Nelson et Johnny Cash, dans des registres similaires) du syndrome de Georges Brassens (ou plutôt de Félix Leclerc et Gilles Vigneault, pour respecter leur proximité géographique)… À savoir des textes de haute tenue, sur des musiques ne cassant apparemment pas trois pattes à un canard (soit à peu près l’exact inverse des Beatles, en somme). Aussi austère que parfois déprimant, le barde canadien ferait ainsi en quelque sorte figure de pendant masculin de Patti Smith: le genre de khâgneux rébarbatif, tout entier dédié à ses rimes et ses alexandrins, juste apte à bercer le festivalier moyen des early-seventies dans l’humidité moite de son sleeping bag… Il va sans dire que la portée du bougre dépasse (heureusement) ces clichés réducteurs, et c’est précisément ce que tend à démontrer l’exégèse de son œuvre, à laquelle s’est attaché Belkacem Bahlouli (par ailleurs rédac’ chef de l’édition frenchy du magazine Rolling Stone, et déjà auteur d’essais du même acabit sur Bruce Springsteen et Led Zeppelin). Passant en revue (et au peigne fin) non seulement la discographie officielle de Cohen (26 albums en un demi-siècle, dont huit live) mais également sa carrière littéraire, Belkacem Bahlouli s’emploie aussi à dépeindre son influence auprès de sa génération d’auteurs-compositeurs-interprètes, ainsi que des suivantes. Il souligne notamment l’impact déterminant de la fameuse compile “I’m Your Fan”, dont Jeff Buckley tira sa propre transposition du fameux “Hallelujah” (via la version que John Cale y restituait), ainsi que le rôle précurseur de Graeme Allwright, qui fut son talentueux adaptateur dans la langue de Molière. Pour couronner cette pièce-montée, Bahlouli exhume une interview de l’artiste (réalisée par ses soins fin 1992), confirmant que ce dernier était avant tout un gentleman, et un honnête homme de son temps. A true labour of love, indeed.

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, November 30th 2021

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Comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, ces très beaux ouvrages ont entre mérites de nous faire manipuler de superbes réalisations, de nous permettre de revisiter l’oeuvre d’un certain nombres d’artistes mais aussi de faire connaître à l’honnête ignorant des artistes qu’il connaissait peu et des oeuvres en grande parties in- ou mé- connues. En ce qui me concerne, je reconnais que Léonard Cohen est l’exemple type de ce que je ne connais pas très bien, de sa vingtaine d’albums et de la personne! Même si je sais que c’est un immense poète, un gigantesque compositeur et une personnalité attachante. Il a chanté l’amour, la haine, parlé de sexe, de spiritualité, de la guerre et de la paix. De choses qui nous interpellent toutes et tous peu ou prou. Il faut dire que des chansons comme “Suzanne”, immortalisée par Graeme Allwright, “So Long Marianne”, “Bird On The Wire”, “The Partisan” (qui n’est pas de lui) ont bercé notre adolescence, même si par la suite il n’est revenu à nos oreilles que très ponctuellement. Cela a été le cas pour des chansons monuments comme “Hallelujah” ou “First We Take Manhattan”. D’ou l’intérêt que prend ce beau livre qui a le mérite de nous présenter l’intégrale du compositeur tout en livrant mille et un indices sur le personnage et sa vie. Dresser le panel des artistes qui ont repris quelques uns de ses titres est une excellente occasion de se remémorer des artistes qui avaient, pour certains, disparu de notre mémoire, et l’opportunité de réaliser l’importance et l’influence qu’il avait pour d’autres plus sur le devant de la scène. Cela n’avait pas échappé à l’auteur qui, actuellement rédacteur en chef de la revue Rolling Stone version française, a dû avoir plus d’une occasion de le vérifier par lui-même. Il a d’ailleurs réalisé sa dernière interview, qui figure en fin de livre. Il a également publié un Bruce Springsteen Cover et un Led Zeppelin Cover dans la même collection. Collection qui commençe à s’étoffer de plus en plus. Il n’est même pas ridicule d’ajouter qu’il y en a pour tous les goûts et qu’ils seront très peu nombreux, ceux qui ne trouveront rien chez cet éditeur.

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)

PARIS-MOVE, December 16th 2021

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