LENNY LAFARGUE – Unplugged Secret

Bontempsrouler Production – InOuïe Distribution
Blues
LENNY LAFARGUE – Unplugged Secret

Je tiens à mettre les points sur les i et à remettre les pendules à l’heure, gentiment, calmement, mais avec véhémence: Non, non et non, le blues français n’est pas mort! Tel le Phénix, il renaît de ses cendres pour mieux réapparaître et pour mieux vous galvaniser, avec récemment et successivement, les sorties d’albums majeurs et indispensables de Benoît Blue Boy, Raoul Ficel, Doo the Doo… et plus récemment celui du bluesman bordelais Lenny Lafargue. De quoi faire perdre son latin au vieux Père Noël, dont j’espère que sa hotte va déborder de tous ces disques chimériques à l’ère du formatage tous azimuts et de l’endoctrinement médiatique. Fer de lance et légende du blues français à l’instar d’un Benoît B.B, Lenny Lafargue nous propose cette fois-ci un album de blues acoustique intitulé “Unplugged Secret”, à la manière d’un Lightnin’ Hopkins de l’estuaire de la Gironde, ou d’un Big Bill Broonzy de la Dune du Pilat. Comme à l’accoutumée chez Lenny, il s’agit d’un album gorgé de groove et de feeling, au sein duquel sa Gibson acoustique et sa voix chaude et sensuelle, sa poésie à fleur de peau et sa sincérité, font des merveilles. Tel un grand cru classé du Haut-Médoc, Lenny Lafargue semble se bonifier malgré ce satané temps qui passe, ce qui le rend encore plus précieux et encore plus incontournable. Bluesman atypique et anachronique, saltimbanque itinérant dans l’esprit d’un guitariste de jazz manouche, nomade des mots et thérapeute des maux, guitare en bandoulière et moulinet de canne à pêche à la main, seul le long de la Garonne comme un lonesome cowboy en perpétuelle quête de son Crossroads, sur les traces du mythe Robert Johnson, Lenny Lafargue nous rejoue avec allégresse et pour notre plus grand bonheur, son “Sweet Home Bordeaux” et prouve avec “Unplugged Secret”, qu’il est bel et bien le “King Of The Bayou”. Influencé et biberonné au blues sudiste, celui des grands espaces et des road-trips aux confins du Mississippi et des champs de coton, au swamp-blues de Louisiane, celui de Slim Harpo et de Bâton-Rouge, au rock’n’roll des pionniers, car Lenny a écouté en boucle l’œuvre intemporelle de Chuck Berry et Eddie Cochran, c’est une évidence… au boogie, au zydeco… Lafargue semble être aujourd’hui au sommet de son art, bien positionné sur le toit du monde, dans les starting-blocks de l’excellence, à point nommé pour nous proposer un album de blues acoustique, épuré, abouti, minimaliste mais d’une efficacité inouïe, peut-être le plus personnel et le plus intimiste de sa déjà longue épopée, un album sans édulcoration superflue qui sonne très Lightnin’ Hopkins. Un album de blues en somme… D’ailleurs, Lenny Lafargue rend hommage au célèbre bluesman texan, avec le titre “Hello Lightnin’”. Au sein de cet opus, s’entremêlent des nouveautés et d’anciens titres remis au goût du jour, comme par exemple “Le Boogie Des Durs A Cuire” ou “Chérie Belle”, ainsi que trois reprises revisitées à la sauce Lafargue: “Mopper’s Blues” de Big Bill Broonzy, “Early This Morning” d’Arthur Blind Blake dit The King Of  Ragtime Guitar et “Candyman” du Révérend Gary Davis, célèbre guitariste et chanteur de blues, de ragtime et de gospel, ainsi qu’un pasteur baptiste convaincu, originaire de Caroline du Sud. Toutes les qualités propres à Lenny sont représentées dans cet album: textes profonds et accessibles comme Benoît Blue Boy, guitariste subtil mais percutant aux antipodes d’un musicien égocentrique et bavard, sensibilité rare d’écorché vif du genre Otis Rush en transe chamanique, ou d’un poète-mauvais garçon mais au cœur en or à la François Villon, moult influences allant de Ray Charles à Freddie King, expérience de vieux bourlingueur du blues, infatigable et inlassable prêcheur de la petite note bleue… Sans oublier de citer sa bande de quintessenciés et fidèles desperados au service de la musique, au service du leader: Philippe Eliez à la batterie, Pascal Charbonnier à la batterie, Greg Ricoy à la basse et Laurence Plavata à l’accordéon. Je citerais également le travail considérable de Jocelyne Pouteau pour l’œil bienveillant, la conception de la jaquette et la photo. Indubitablement, Lenny Lafargue fait partie du nec plus ultra du blues français et du blues tout court et son nouvel album est le “bon mojo” pour danser le “Gayteloup Mambo”, là-bas “Près de l’Estuaire”, si vous entendez soudainement du bruit à l’extérieur et que vous vous dites “Le blues frappe à ma porte” ou que vous contractez “La fièvre des Marais” dont on ne ressort jamais indemne, vous aurez enfin trouvé “Les clefs du Paradis”, pour des moments privilégiés avec votre “Chérie Belle”. Avec Lenny, le vieil adage sudiste “Laissez le bon temps rouler” reprend toutes ses lettres de noblesse. Un album à classer parmi les grands albums de blues, ceux qui remuent vos sens au plus profond de votre âme, de votre cœur et de vos entrailles. Indispensable!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, December 23rd 2020

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Tracklisting de Unplugged Secret:
1. LE BOOGIE DES DURS A CUIRE – Lenny Lafargue
2. RIDE ON YOKO – Lenny Lafargue
3. HELLO LIGHTNIN’ – Lenny Lafargue
4. MOPPER’S BLUES – Big Bill Broonzy, Arrangement Lenny
5. HI HI HO HO – Lenny Lafargue
6. LE BLUES LE DIMANCHE – Lenny Lafargue
7. EARLY THIS MORNING – Arthur Blind Blake, Arrangement Lenny
8. CHERIE BELLE – Lenny Lafargue
9. CANDYMAN – Reverend Garry Davis, Arrangement Lenny
10. STREETS OF DUBLIN – Lenny Lafargue

Line up:
Lenny Lafargue: guitare chant (1 à 10), basse (3, 9), percussions (2)
Philippe Eliez: batterie (3, 5, 8, 9)
Pascal Charbonnier: batterie (1)
Greg Ricoy: basse (1, 5, 8), contrebasse (2)
Laurence Plavata: accordéon (9)
Lenny Lafargue: solo acoustique (4, 6, 7, 10)