Et voilà un excellent disque à écouter en boucle pour chasser tout ce qui peut vous enquiquiner dans votre vie de tous les jours. Avec ce ‘Sing a Song for Me’, Lee Everton vous propose non pas un remède à la morosité ambiante, mais ‘le’ remède miracle pour non seulement effacer vos soucis mais faire briller le soleil dans vos yeux même quand l’astre solaire n’est pas encore levé.

 

Des orgues légères, des cuivres chaleureuses, des batteries et percus discrètes mais omniprésentes, des six cordes aériennes, une guitare basse charpentée qui consolide le tout, ce sont tous ces ingrédients disséminés ici et là avec un savant dosage par l’alchimiste-compositeur Lee Everton qui font de cet opus un monument de tranquillité et de plaisirs. De ces plaisirs légers et raffinés que l’on ne trouve plus guère sur les radios, et c’est bien dommage, alors que le Lee Everton devrait y tourner en boucle, sur les ondes. Vous verriez alors tout de suite le changement que cela produirait: les gens se diraient ‘bonjour’ en rentrant dans le métro (enfin!), les marchands de fruits et légumes vous glisseraient deux ou trois pommes de plus que le kilo que vous venez d’acheter, les contrôleurs SNCF vous offriraient leurs casquettes et tous les musées vous ouvriraient leurs portes gracieusement, la Tour Eiffel se pencherait à votre oreille pour vous dire un mot doux, la Seine retrouverait des couleurs, et ses quais ses baigneurs, car toute la musique de Lee Everton est inondée d’ondes positives.

 

C’est lui-même qui a d’ailleurs baptisé son style ‘le sling-style music’, un style basé sur un balancement caractéristique, une combinaison rythmique qui mélange avec maestria pop et reggae. Cela vous donne des chansons aux rythmes sautillants et entraînants, auxquelles je n’ai encore vu personne résister. Cela vous prend au ventre, aux tripes, à la tête, au cœur, et cela ne vous quitte plus. Certaines chansons oscillent entre ballades et aveux passionnés, tandis que d’autres vibrent à la chaleur envoûtante de la voix de Lee Everton. Une voix qui non seulement interprète, mais transcende des chansons déjà maintes fois entendues, comme cette très belle adaptation de ‘If Not For You’, de Bob Dylan, ou cette exceptionnelle version de ‘Anywhere I Lay My Head’, chanson signée Tom Waits et qui trouve ici une dimension totalement différente, mais toute aussi fabuleuse que l’originale.

 

Et puis vous verserez sans doute une petite larme à l’écoute du dernier titre, ‘Lullaby’, une chanson baignée de tendresse qui transforme la douleur de perdre un être cher en une nostalgie impalpable, inondée de soleil et d’amour.

 

Après un tel moment d’émotion partagée, vous n’hésiterez pas une seconde et vous appuierez sur ‘replay’ car un album de cette classe ne se range pas, et ne se retire pas du lecteur.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer
www.myspace.com/frankiebluesy