Le Gippiz – The Yiddish Ralouf Love Album

WISEBAND – LABEL D’A CÔTE
Rock 'n roll
Le Gippiz - The Yiddish Ralouf Love Album

Attention je vous aurai prévenus les amis, le sulfureux power trio d’improvisations rock, redoutable et infaillible, nommé Le Gippiz, débarque sur Paris, Montreuil, et dans vos contrées lointaines, armé de son album The Yiddish Ralouf Love Album et ça va faire mal, très mal, car tel Attila et sa horde sauvage, ça va être une véritable boucherie, des kilos de barbaque sanguinolente et encore chaude répandus sur l’asphalte, les Halles de Rungis en effervescence à l’heure du sommeil des justes et du laitier et comme dirait ce bon vieux Capitaine Haddock après une nuit alcoolisée au château de Moulinsart: A l’abordage et pas de quartier! Le Gippiz est le nouveau projet de Sansévérino, Hervé Legeay et Jean Hanela. Je suis persuadé que ces trois blases vous parlent, bande d’indécrottables et incorruptibles rockers, surfeurs assidus du site pluri-artistiques de Paris-Move et que vous voyez défiler devant vos yeux éberlués, les épais curriculum vitae de ces trois lascars, plus proches de l’Almanach Vermot que du menu de chez Roger La Frite de la Place Clichy.

Stéphane Sansévérino plus connu sous le nom de Sansévérino, artiste surdoué et fantasque, guitariste autodidacte magistral, funambule des mots (maux) défiant la gravité, faisant le grand écart permanent entre Django Reinhardt et Johnny Cash, avec des adducteurs à rendre jaloux Chuck Berry et son duck walk, à l’instar de son voisin et ami du haut Montreuil: Johnny Montreuil, le divin narvalo. Sansévérino, artiste pluridisciplinaire et hyperactif, à la sensibilité extrême, à la gouaille de camelot à la sortie du métro Croix de Chavaux dans les 60’s ou d’arracheur de dents à la Cour des Miracles. Sansévérino, l’œil espiègle derrière des lunettes extravagantes, à mi-chemin entre Elton John et Jean-Pierre Coffe, ce dernier balançant des saucisses de Strasbourg suspectes et des tranches de jambon dopé au nitrite de sodium, à la gueule des invités médusés d’un plateau TV. Sansévérino, à la coiffure digne de Brian Setzer qui aurait soudainement vu apparaître le spectre d’Eddie Cochran et sa Gretsch en bandoulière ou bien qui se serait pris une décharge de 220 volts les deux doigts dans la prise.

Jean Hanela ou Jean-Emile Hanela ou encore Jeannot, voire Jano pour les intimes, était le solide et incontournable batteur de Trust, période L’Elite ou Répression. L’inébranlable Jean Hanela, la force tranquille du rock (et ce n’est pas du Jacques Séguéla) tel un massif montagneux des Alpes, plus Charlie Watts que Keith Moon, à la sobriété et à la froideur clinique d’un serial killer une nuit d’Halloween, qui atteint toujours sa cible et qui frappe où il le faut et quand il le faut, à l’efficacité inouïe, sans démonstration superflue, sans édulcoration incongrue et sans jamais en faire des tonnes. En authentique métronome à la précision d’une montre suisse, sans conteste, Jean Hanela aura marqué l’histoire du groupe Trust en étant son meilleur batteur, même si Kevin Morris (Dr Feelgood) est loin d’avoir deux mains gauches. Mais bon, Jano c’est Jano et il restera toujours notre Jano, dorénavant devenu le sphinx, l’armoire normande, le menhir du site mégalithique de Carnac, l’épine dorsale du Gippiz.

Hervé Legeay, guitariste subtil et ingénieux, grand spécialiste du jazz manouche unanimement reconnu au sein de ce microcosme de la guitare gitane, la musique des terrains vagues, des caravanes, des feux de joie, de la liberté tous azimuts, de l’amitié sans faille à la vie, à la mort, des saucisses grillés et du pastaga. Et comme Sansévérino ou encore Johnny Montreuil, l’éclectique Hervé Legeay peut aisément passer du rock’n’roll au jazz manouche, d’Aérosmith à Django Reinhardt en passant par Mozart sans sourciller. Car Hervé a traversé une décennie très rock, avec différentes formations comme Les Nights dont l’unique 45 tours de 1985 était très prisé par Coluche et diffusé sur Europe 1 en guise de générique à son émission quotidienne. Suivra ensuite Stepping Stones et G.M.T. avec quelques anciens membres historiques des havrais de Little Bob Story, comme Gilles Mallet ou le bassiste Christian Banet par exemple… Durant cette période rock, il croisera la route et ouvrira pour Iggy Pop, les Ramones, David Bowie ou Johnny Thunders, de l’autre côté de l’Atlantique dans l’antre de Big Apple. Hervé Legeay deviendra également rédacteur en chef de la revue French Guitare, hélas éphémère, mais qui fera la part belle au jazz manouche (entre autres…), le temps de son existence en kiosques, avant de devenir le fidèle complice de Sansévérino, l’acolyte des nuits sans sommeil et des résultats pernicieux de la rock and roll attitude, lui-aussi recherché par tous les fins limiers de la PJ de France et de Navarre et en parfaite adéquation pour servir la cause manouche and roll!

L’alchimie du Gippiz s’avère incroyablement extraordinaire et monumentale, comme si le Docteur Frankenstein cher à Mary Shelley avait enfanté ce trio maléfique mais jubilatoire, semblant sortir tout droit de son laboratoire secret et de ses formules biologiques et mathématiques alambiquées. Ces trois électrons libres d’un rock improvisé, sans rerecording et sans répétitions préalables, distillent un rock totalement loufoque, aux antipodes de la musique d’ascenseur aseptisée et formatée, comme dans un état d’urgence absolu, faite de dérapages incontrôlés mais sans jamais sortir de la route ou embrasser un platane et de coups de boutoir fantasmagoriques. Un peu comme jouer à la roulette russe avec cinq cartouches dans le barillet sur six possibles. La dangerosité du rock’n’roll en somme, comme celle des martyrs Gene Vincent ou Vince Taylor… Sansévérino, Jean Hanela et Hervé Legeay dépiautent, concassent équarrissent et dépècent leurs improvisations, cassent tous les codes et renversent les idées reçues. C’est vrai que Sansévérino a été formé à l’improvisation théâtrale, les voleurs de poules, etc… avec l’aisance déconcertante voire arrogante de Fausto Coppi dans le Col du Galibier ou de Gino Bartali en danseuse dans l’Alpe d’Huez. Ses textes, entre humour décapant et sarcastique et poésie urbaine sous-jacente, anticonformistes et parfois au vitriol, vous entraîne dans une odyssée burlesque du meilleur effet. Sansévérino peut aussi bien traiter des théories abstraites que des grands sujets philosophiques et existentiels de la vie, voire de spéculations mystiques, comme les embouteillages, la cigarette, mais toujours avec tendresse, bienveillance et lucidité, avec sa voix suave et son phrasé de tribun de la plèbe de la Rome antique et son élocution de steward pendant de fortes turbulences ou d’une panne de réacteur et que le cockpit panique inexorablement. A noter l’hommage appuyé et poignant rendu à Roger Fritz dit “Schultz” par Le Gippiz. Pour les infortunés qui sortiraient d’une hibernation d’une décennie entière ou qui auraient été piqués par une mouche tsé-tsé, ce dernier était bien entendu le chanteur-leader de Parabellum, célèbre groupe de punk-rock de Montreuil, décédé en 2014 à l’âge de 53 ans. Les inénarrables mais inexorables titres du Gippiz L’Affaire Suivante, Les 3 Fois Où J’Ai Eté Véxé, On Est Là Pour Vous Emmerder, ou encore On N’a Pas Un Commerce Quand On N’Aime Pas Les Gens… sont à découvrir d’urgence, comme on se plonge dans un bouquin de Courteline ou comme on s’abreuve goulument d’un poème (maudit) de Charles Baudelaire. Sans oublier l’unique reprise de l’album So You Think You’re A Cowboy, standard de Willie Nelson revu et corrigé à la sauce Gippiz, avec conviction et crédibilité. En effet, sans la musique en général et celle du Gippiz en particulier, le monde vivrait un hiver éternel et glacial, comme si le maillot de Richard Virenque était désespérément dépourvu de pois rouges, ou comme le bandana de pirate de Marco Pantani, retrouvé au hasard d’une chambre d’hôtel sordide de Rimini, aurait soudainement perdu de sa fierté et de sa flamboyance. La musique singulière et virevoltante du Gippiz s’avère sans passeport, sans VISA, sans code-barres, sans étiquetage de supermarché tel un vulgaire baril de lessive, sans frontières terrestres ni maritimes et elle est fortement déconseillée au vulgum pecus, aux âmes sensibles, aux cœurs de pierre, aux empêcheurs de tourner en rond et autres béotiens de tout poil, car leur rock engendre tous les excès physiques et cérébraux, des états d’hébétude chronique ou des crises de delirium tremens, c’est selon…
Même si l’opus du Gippiz déplait à l’intelligentsia et à nos énarques, il est chaudement recommandé, pour ne pas dire INDISPENSABLE! Le Gippiz est le facteur X des musiques vivantes, gorgées de groove et de feeling. Avec leur look à jouer dans Pulp Fiction de Tarantino, leurs regards d’aigle blessé, leur élégance entre Versace et des fringues vintages de 50’s/60’s, pompes bicolores de chez Oxford, tatouages de flibustiers ou d’un Papillon dansant le rock du bagne avec d’irrésistibles envies de prendre le large et la tangente. Comme pour les Stones jadis, la question se pose chez les bien-pensants: Laisseriez-vous votre fille sortir avec un membre du Gippiz? Bien évidemment, la réponse est non, et c’est tant mieux! Comme éructerait le regretté Schultz: A boire, où je tue le chien! A votre santé, même si votre père vous a appelé Sue… Clin d’œil à Johnny Cash tout en écoutant en boucle et le volume au maximum The Yiddish Ralouf Love Album!

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, February 19th 2024

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