Après deux opus forts appréciés (*) qui ont démontré combien les trois personnages à l’origine du Freylekh Trio jouent à l’unisson et avec un plaisir qui efface toute frontière matérielle, voici que Jacques Gandard, Toma et David Feterman ouvrent les portes de leur cœur et de leur musique à de nombreux invités pour un Goulash System’ bien épicé. Ces invités, musiciens français, klezmer, tsiganes, américains, hongrois, camerounais, roumains et serbes, tous rencontrés à Paris, parfois de passage, parfois pour une année ou plus, ont apporté leur enthousiasme et leur créativité musicale pour faire de cet album un véritable ‘goulash’.

 

Plat traditionnel hongrois, le Goulash est une soupe de viande préparée avec beaucoup d’oignons et de paprika, ce qui lui donne cette couleur rouge très reconnaissable. Couleur que vous retrouvez sur le livret comme sur le digipack, comme un avant-goût de cette musique ‘goulash’ dans laquelle vous allez appréciez comment autant de saveurs distinctes le violon de Jacques Gandard, la guitare acoustique de Toma Feterman (membre de La Caravane Passe), la contrebasse de David Feterman, frère de Toma et membre de Toubab All Stars, la clarinette de ‘Yom’ Guillaume Humery, l’accordéon de Jasko Ramic, le saxo et les percussions de Kayou Noubonom, la clarinette de Florin Gugulica, la guitare de Tim Sparkset la voix de Erika Serre.

 

Goulash System’ est bien plus qu’un enregistrement d’invités talentueux: c’est une vraie et grande réussite dont chaque morceau (14 en tout, hé oui!) vient enrichir le précédent, jusqu’à ce ‘In The Metro’ qui clôture une suite d’orchestrations et de soli tout aussi étincelants les uns que les autres.

 

Que les titres fassent plus de six minutes ou moins d’une minute trente, ils tirent tous l’album dans le même sens, vers le haut, avec cette urgence musicale de pouvoir mélanger toutes les couleurs, tous les rythmes, comme si la vie en dépendait. Une expérience de sons et de sens, de couleurs et d’odeurs que je vous recommande chaudement. Rien que pour ce frisson que l’on a, en écoutant ce Goulash System’, d’imaginer toutes les frontières s’estomper, puis s’effacer.

 

Frankie Bluesy Pfeiffer

(*):

CD ‘Machine à découdre’ (2002)

CD ‘Yiddish & Yallah’ (2004)