LE CLUB DES 27

PIERRE MIKAÏLOFF - EDITIONS LAROUSSE
Livre
Pierre Mikaïloff

On ne présente plus Pierre Mikaïloff, figure de proue de la culture-rock voire de la contre-culture underground, avec ses éternelles lunettes Ray-Ban modèle “Nomad Wayfarer” à la Buddy Holly et son abondante chevelure d’hirsute, ébouriffée aux quatre vents, tel un poète maudit de la fin du 19ème siècle, comme si Charles Baudelaire avait croisé la route de Daniel Darc au hasard des rues cossues d’Issy-les-Moulineaux ou du no man’s land des Halles en 77, en perpétuelle quête d’un mannequin derrière la vitrine, ou d’un jardin chinois… Pierre Mikaïloff est la plume rock par excellence. Moins destroy-punk qu’un Patrick Eudeline (même si j’apprécie beaucoup l’ex leader d’Asphalt Jungle) et beaucoup plus pointu et moins diva capricieuse qu’un Philippe Manœuvre, grosse tête en chef à RTL ou melon disproportionné chez Ruquier. Culture musicale à tous les étages, un tantinet néoromantique, Pierre Mikaïloff est un écrivain flanqué d’un journaliste unanimement reconnu. Après avoir collaboré à Gonzaï ou Rolling Stones, il collabore aujourd’hui avec brio à Rock & Folk et Vinyle & Audio. Sans occulter de nombreuses et indispensables biographies, allant de Gainsbourg à Bashung, en passant par Taxi Girl ou Françoise Hardy… et même un polar digne de la mémoire féconde d’un fin limier du 36, quai des Orfèvres, pour qui l’odeur de sang n’a plus aucun secret, sobrement intitulé “L’élevage du brochet en bassin clos”, actuellement disponible dans toutes les bonnes librairies, pour passer vos longues soirées d’hiver en col roulé et à 19 degrés. Même dans le polar ou roman policier, il est fiable et son scénario tient la route. Sinon, on sombre très vite corps et âme dans des histoires abracadabrantesques à la Julie Lescaut ou “Meurtres à Trifouilly-les-Oies” pour France 3. Mais à l’instar de l’incontournable Patrick “Poly Magoo” Eudeline, inexorablement toujours planté comme un privé, Mikaïloff est un musicien, et fut jadis le guitariste subtil et émérite des Désaxés et de Jacno. Pour mémoire, les Désaxés étaient le groupe de pop-rock sophistiqué et classieux des 80’s faisant le grand écart entre les Heartbreakers de Johnny Thunders, pour le classicisme et les ultimes soubresauts de l’insouciance punk, et les Beatles pour les harmonies du meilleur effet. Hélas, hélas, malgré un indéniable talent, plusieurs 45 tours sur le fameux label Réflexes, le groupe n’atteindra jamais le succès escompté, tandis que les Innocents tutoyaient les étoiles. Allez comprendre pourquoi… C’est dommage car Mikaïloff s’imposait dans nos lointaines contrées et surtout dans un Paris intra-muros vestige d’un récent passé, comme le guitariste urbain de rock’n’roll, inspiré par Eddie Cochran et George Harrison. Parallèlement à son polar, Pierre vient de sortir un luxueux ouvrage aux éditions Larousse, intitulé “Le Club des 27”. Mystérieuse légende du rock’n’roll ou macabre malédiction d’une force occulte et ténébreuse? Alchimie du malin, spéculations mystiques ou simplement inévitable destin pour ces pauvres mortels, fidèles disciples du rock ou du blues, bref, de musiques blasphématoires? Quoiqu’il en soit, ce club des 27 aura fait couler beaucoup d’encre, depuis l’énigmatique décès du bluesman Robert Johnson en 1938, à la croisée des chemins, par une nuit de pleine lune dans le Mississippi, à l’âge bien évidemment de… 27 ans. D’autres auront fait également leur Crossroads à leur manière, pour les plus connus, les VIP du funeste club des 27, dans le désordre chronologique: Janis Joplin, Jimi Hendrix, Brian Jones, Jim Morrison, Kurt Cobain, Amy Winehouse… Dans cet ouvrage, Pierre Mikaïloff rend également justice et hommage aux membres moins connus que les susnommés: Jean-Michel Basquiat, Dave Alexander (bassiste des Stooges), Peter Ham et bien d’autres, qui ont trouvé une mort tragique et violente, entre suicides, accidents de la route et overdoses… Pierre Mikaïloff a fait un véritable travail dantesque, pour ne pas que ce club, légende anglo-américaine exclusive, sombre dans les abîmes de l’oubli. 400 photos, 192 pages, pour raviver les souvenirs et pour essayer de comprendre l’inexplicable. Un livre indispensable, d’une crédibilité inouïe. On ne peut pas aimer le blues et le rock’n’roll, avoir fait de ces styles un art de vivre au quotidien, tout en passant à côté de cette mystérieuse malédiction. Ils sont 27, ils ont marqué à tout jamais l’histoire du rock et ont disparu à l’âge fatidique de 27 ans. La liste funèbre est-elle exhaustive? La question reste en suspens. Mais en attendant, la plume alerte de Pierre Mikaïloff vous fera certainement découvrir les faces cachées du Club des 27, un club à vous glacer le sang…
UN MUST – INDISPENSABLE !

Serge SCIBOZ
Paris-Move

PARIS-MOVE, November 15th 2022

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