| Classique, Jazz, Latin Jazz |
Nous vous le présentions dans ces colonnes voici une trentaine de mois déjà. Successivement vainqueur du Tremplin Européen Didier Lockwood en 2010 (ses 21 ans à peine sonnés), puis du Tremplin Jazz de Castello en Espagne l’année suivante, de ceux de Jazz en Baie et de Jazz À Vienne en 2012, Prix International d’Orchestre de Jazz en 2013, lauréat du Concours National de Jazz à la Défense en 2014, de celui de la Fondation Lagardère en 2016, révélation de l’année aux Victoires de la Musique la même année (puis à nouveau en 2020), et enfin Prix du Disque de l’Académie du Jazz et Musicien de l’année pour Jazz Magazine en 2019, le claviériste Laurent Coulondre compte assurément parmi les musiciens qui montent. Mais là où d’aucuns se laisseraient griser par une telle consécration, notre pianiste garde la tête sur les épaules et les pieds sur terre. À preuve, c’est en compagnie de la flûtiste Christelle Raquillet (diplômée du Pôle Sup’93 et du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, respectivement en flûte traversière et en jazz) qu’il nous revient à présent, pour un superbe album à deux voix instrumentales. Introduit par l’aérien “Pequeno Camarao”, la complicité entre les deux musiciens y est instantanément palpable, et si Laurent en signe cinq des plages (tandis que Christelle, trois), la triplette d’adaptations qui y figure confirme bien les inclinations latines que traduisait déjà, il y a trois ans, le magnifique “Meva Festa” de ce dernier (chroniqué ICI). Le “Olha Maria” de Chico Buarque y côtoie en effet le “Ziggy Spain” de Chick Corea (et Michel Berger, circa Starmania!), tandis que “In The Middle Of The Night” de Laura Dausse s’avère une bossa irrésistible, dont la dimension percussive au clavier consolide la trame, et à laquelle la flûte de Christelle appose sa mélodie comme le ferait une voix. L’élégant “Sandwish” que signe celle-ci (ainsi que l’orientalisant “Le Train Dure Longtemps” et le contemplatif “Nightshift”) démontre à l’envi que ses talents ne se cantonnent pas à l’exécution (aussi brillante fût-elle), alors que Laurent poursuit ses pérégrinations sud-américaines (“Brazilian For Two”, “Interludi Al Nit” ou le virevoltant “Choriniño”). Aussi alerte au piano et au clavinet qu’au Fender Rhodes, celui-ci confirme, s’il en était encore besoin, quel instrumentiste de premier ordre il demeure, tout en révélant au sein de ce duo le talent de sa partenaire, passant ainsi en une quinzaine d’années du statut de découverte à celui de découvreur. Pas du genre pingre, ces deux-là nous gratifient en outre d’un bonus track anonyme, qui résume et synthétise leur affinité élective.
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, June 9th 2025
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14 et 15 juin 2025 : Vannes (Jazz au Vincin, privé)
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5 décembre : Jazz En Bièvre, Primarette