Rhythm 'n' Blues, Soul |

Révélée, ses 18 ans à peine sonnés, en tant que choriste de la rappeuse Missy Elliott, Nicole Monique Wray aurait pu végéter sa vie durant parmi les backing singers dépeintes dans le rockumentaire “Twenty Feet To Stardom” (aux côtés de Merry Clayton, Nanette Workman et Claudia Lennear). Il est vrai qu’après son précaire avènement de 1998 (avec l’album “Make It Hot” et le single éponyme), la parution de son second essai (“Elektric Blue”) fut carrément annulée sine die par son label d’alors, ainsi que celle de son successeur, “Lovechild”, en 2005. En dépit de quelques sporadiques singles, il lui fallut attendre 2010 (et son cameo sur le “Brothers” des Black Keys) pour renouer brièvement avec les feux de la rampe, et former dès lors un éphémère duo avec Terri Walker, sous le nom de Lady (un LP sur Truth & Soul en 2013, déjà sous la houlette de Leon Michels). Après une tournée en tant que choriste de Lee Fields, Truth & Soul ayant muté en Big Crown Records (sous le même patronat), Nicole Monique (désormais désignée sous le pseudo de Lady Wray) publia “Queen Alone” en 2016, suivi de “Piece Of Me” en 2022. C’est encore et toujours sous l’égide de Michels (assisté de Marco Benevento) qu’elle nous revient avec cette rondelle qui pourrait bien signifier sa reconnaissance définitive sur une scène soul redevenue prégnante. Pour preuve, on y retrouve à ses côtés, outre ce bon Leon (qui officie aux claviers, au sax, à la flûte, à la basse, à la batterie et aux percussions), quelques ténors de la Daptone mafia (Homer Steinweriss aux fûts, Thomas Brenneck à la guitare et Dave Guy, de The Roots, à la trompette). Expert en vintage soul tous genres confondus, Michels accomplit ici le prodige de marier sans à coups classic sound et production contemporaine. C’est patent dès les imparables “My Best Step” et “Where Could I Be”, où des chœurs gospel (The Fabulous Rainbow Singers) se marient à un piano et un orgue plus churchy que nature, et où les vocals de la Lady en question retrouvent les accents épiques de soul sisters telles que Gladys Knight et Roberta Flack. Mais soucieux de ne pas se laisser confiner dans un time-lapse trop sclérosé, nos amis arpentent aussi les travées R&B des nineties et milleniums (“Be A Witness”), quitte à adopter le parti-pris de mid-tempo ballads réminiscentes de Macy Gray et Lauryn Hill (ces Hard Times”, “Best For Us”, “Time”, “What It Means”, “Higher” et “Cover Girl” à fondre). Nous vous mettons au défi de résister à la basse infernale du funky “You’re Gonna Win” (parsemé de synthés late seventies et soutenu de chœurs façon Staples Singers), tandis que Lady Wray conclut sur un “Calm” à tutoyer Ray Charles, Aretha Frankin et Stevie Wonder themselves. Ainsi que l’annoncent depuis toujours maints artistes lors de chaque nouvelle parution, Miss Wray présente cette sortie comme sa toute meilleure à ce jour… Quand une vocaliste de premier ordre s’en remet ainsi à la dream-team ad-hoc, cela accouche en effet souvent de classic albums. Ouvrez les yeux (et les oreilles), c’est une fois encore le cas!
Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder, Blues & Co
PARIS-MOVE, October 14th 2025
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