LA PRIEST – Fase Luna

Domino
gloubi-boulga, Psych-Pop
LA PRIEST - Fase Luna

Si jamais un artiste a mérité l’épithète indie, c’est bien Samuel Eastgate, alias Sam Dust, alias Harry Tuttle, alias LA Priest, familier d’autres nerds à Haut Potentiel Intellectuel, et aussi hurluberlus que Connan Mockasin ou Andy Smith (Lxury). Avec seulement deux albums solo à son actif depuis celui, fondateur, de son combo d’origine (Late Of The Pier), et après Soft Air (son duo furtif avec Mockassin), et avoir été longtemps associé à la culture house, ce bon Sam effectue un nouveau virage à 180° pour son album le plus organique à ce jour. Comme il l’énonce lui-même: “cette fois, la seule machine que j’aie utilisée au cours de l’enregistrement de ce disque est le logiciel de traduction automatique qui m’a permis de transposer en espagnol les lyrics de ma chanson “Sail On”. Outre quelques guitares à l’accordage parfois peu orthodoxe, Sam s’est donc contenté de la simple batterie de Carlos Gabriel Favela Manzano (musicien Mexicain employé à distance, tandis qu’il se languissait au Costa Rica, faute de blanc-seing des autorités pour pénétrer au Belize). Et c’est peu dire que le climat transatlantique a exercé des effets apaisants sur la créativité de notre Gallois, d’ordinaire des plus urbains. Avec sa réverbe omniprésente et ses vocals sussurrés, le “On” d’ouverture rappelle le Lennon de “You Are Here”, et le mutinement funky “Silent” (avec ses cocottes quasi-liquides), son “Out The Blue” (tous deux sur le mésestimé “Mind Games”). Quelques bandes passées à l’envers (ah, le bon vieux temps de “Tomorrow never Knows”) agrémentent la pop allègre du single “It’s You” (où l’on croirait presque ouïr se dandiner le fantôme de Marc Bolan), avant que l’instrumental “Misty”, “Star”, “Sail On” et “Ocean” n’entraînent l’auditeur vers le large, parmi les courants d’un Gulf Stream onirique, où flotte sans doute encore l’ectoplasme de Steve Peregrine Took. Le proto-bossa “Neon” mène le genre de sarabande DIY à laquelle se livrait Macca sur son “McCartney II”, et “No More” renoue avec ces mantras moyen-orientaux qui fascinèrent Peter Green et Brian Jones jusqu’à l’hébétude. L’équivalent pour ce siècle de dérapages solaires et psychédéliques tels que “Think Pink”, “Obsolete” et “Bananamour” lors du précédent, “Fase Luna” évoque ces délices surannés que l’on savourait jadis en sirotant une pina colada, vautré sur un water bed. Plus Jodorowsky que Tarantino, en somme: un rétro-futurisme espiègle, sensuel et touche à tout.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 6th 2023

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