Soul blues |
Bien qu’elle affirme n’en avoir jamais regretté l’apprentissage, les débuts artistiques de Kyla BROX ne furent pas des plus aisés. Véritable enfant de la balle, ses parents se rencontrèrent au sein de la troupe britannique de “Jesus Christ Superstar”, et son père Victor était chanteur de l’Ainsley Dunbar Retaliation. C’est pour satisfaire ce géniteur fantasque et trop souvent absent qu’elle le rejoignit sur scène et en tournée dès l’âge de 12 ans, comme elle le raconte ici dans “Bluesman’s Child”. C’est au sein de la formation outrageusement juvénile de son paternel qu’elle rencontra son futur époux, le bassiste Danny Blomeley (alors âgé de 13 ans), qui l’épaule encore de nos jours (et duquel elle a deux enfants). Également flûtiste, Kyla BROX se distinque avant tout par son timbre vocal sensible et puissant, tout autant capable de feulements rauques que d’émotivité à fleur de peau. Écrivant elle même ses textes (tandis que son mari en compose les musiques, avec l’apport ponctuel du guitariste Paul Farr et du claviériste John Ellis), elle y confesse avec franchise les faiblesses et tentations d’une femme sur la route (“In The Morning”, “Let You Go”), tout en célébrant les valeurs familiales (“Choose Life”, “Compromise”) et maritales (“Don’t Let Me Fall” et la plage titulaire). Dans un registre funky blues solidement appuyé par des cuivres savamment dosés, ainsi qu’une rythmique à laquelle l’orgue Hammond et le clavinet apportent une touche seventies aussi bienvenue qu’assumée, elle prolonge la ligne qu’initièrent en leur temps des formations telles que celles de son père, de Brian Auger et Pete Brown, ou encore du regretté Graham Bond. Sa fraîcheur, sa sincérité et son impavide conviction la préservent toutefois de tout revivalisme. Cette jeune femme conjugue au présent les valeurs et les idéaux de ses ascendants, et l’écoute de cet album exhale un bienheureux parfum d’intemporalité. En ghost track et en bonus, sa bouleversante version du “Hallelujah” de Leonard Cohen tutoie l’incandescence à laquelle l’avait portée en son temps Jeff Buckley: une vocaliste au tempérament de feu, et une formation qui la sert à merveille.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, May 28th 2019
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Un album à découvrir sur le site web de Kyla BROX, ICI
KYLA BROX – Pain & Glory – sur iTunes, ICI