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Bien belle réussite que cet album réalisé par Kattarashky et pour lequel il a été seul aux manettes alors que vous y entendez la Fanfare Ciocarlia, la chanteuse hongroise Mitsou, Les Yeux Noirs, Jony Lliev ou encore Boris Kovac et le Ladaaba Orchest. La magie de la réalisation de cet opus est en fait le résultat de tout le travail effectué en studio par Kottarashky à partir d’enregistrements de ces artistes, car le mec est non seulement un maître du ‘digital’ mais aussi un artiste, un auteur-compositeur qui sait jongler avec le matériel de départ qu’il a sélectionné. Comme un sculpteur qui vous taille un superbe visage féminin dans un diamant.
A la recherche perpétuelle de vieux enregistrements dans les Balkans, farfouillant dans les classiques du jazz ou du blues tout en prélevant tout ce qui l’intéresse dans les sons actuels, les rythmiques modernes, les voix les plus typées, Kottarashky se fait ensuite rassembleur plutôt que collectionneur, mélangeant ensuite ces sons entre eux pour en faire sa propre tambouille, un goulash épicé dont vous lècherez jusqu’à la dernière goutte, croyez-moi.
Ecouter Kottarashky et son ‘Opa Hey!’, c’est comme feuilleter un vieil album photos dont chaque tirage noir et blanc ou sépia fait remonter toute une vague de souvenirs, des plus drôles au plus tristes, car telle est la vie, et Kottarashky reflète cette vie qu’il croise à sa manière, en conservant non pas des photos mais des enregistrements d’artistes croisés au cours de ses périples.
Architecte par vocation, Kottarashky vous propose un album bien construit où toutes les musiques prélevées ici et là s’assemblent comme les pièces d’une maison, avec cette ligne musicale qui fait que l’on passe tout naturellement d’une plage à l’autre sans même s’en rendre compte, comme il vous semble naturel de passer de votre entrée à votre salon, ou de la cuisine à la salle à manger. Là où vous attendent vos invités et auxquels vous allez faire goûter votre goulash favori, ‘Opa Hey!’. Un mets délicieux qui se laisse savourer entre amis, même si Kottarashky n’a pu être des vôtres, ce soir là. Mais ne vous inquiétez pas, un jour ou l’autre, tandis que vous vous repasserez ‘Opa Hey !’, il viendra sonner chez vous comme il a sonné chez moi. Et depuis ce jour là, l’album est toujours à portée de mains, près de ma platine, pour faire la fête avec tous ceux qui passent à la maison.
Frankie Bluesy Pfeiffer
Kottarashky