Rock |
Kokoon. Un nom qui sonne comme un cocon, et l’on s’attend donc de suite à y être, dans un cocon. Ce qui est le cas dès l’intro du premier titre, ‘Open Bliss’, avec cet accordéon entêtant qui nous embarque pour une traversée dans notre propre intimité. Dans notre propre cocon qu’éclaire le glockenspiel et qu’élargissent, au fur et à mesure, les percussions, comme pour estomper les frontières de notre propre espace intérieur, notre cocon.
Un morceau totalement musical d’une clarté sans fin et qui nous ouvre les oreilles vers un opus que l’on attend cotonneux et savoureux. Ce qu’annonce l’accordéon qui ouvre le second titre, ‘Illusions’, avant que la voix d’Alexis ne vienne s’enrouler autour du fil de soie qui continue à s’enrouler autour de notre cocon.
Totalement en harmonie avec le premier titre, ‘Illusions’ nous berce d’illusions musicales nappées d’ombres couleur sépia. Une couleur superbe, fruit d’un métissage étonnant entre rock, jazz et folklore d’on ne sait où. Un métissage réalisé par un trio de musiciens français que l’on pourrait imaginer sans peine être le fruit incestueux d’une relation cotonneuse entre Syd Barrett et Nico.
Les séquences musicales sont surprenantes et prenantes, comme sur ‘Trois petits points…’, revenant à des formulations plus classiques sur ‘Le temps d’y penser’, le temps de reprendre son envol avant de replonger dans son cocon avec ‘Indigo’, l’un des petits bijoux de cet opus. L’accordéon revient vers vous une fois encore, entêtant et machiavélique de sensualité, vous prenant par la main pour mieux vous entraîner vers de nouvelles sensations.
Autre particularité de ce trio: il n’y a pas vraiment de leader, même si l’accordéon d’Arthur est plus aisément présent que les percussions ou le glockenspiel de Rémy ainsi que la guitare et le chant d’Alexis. Chaque instrument est présent à sa manière, forte ou plus retenue selon les titres.
Sûr que les six compos alignées sur cet opus n’ont pas le côté marketing de ceux de vedettes du rock, du jazz ou de la world music, mais ils ont cette chaleur intense propre à la musique ‘populaire’ qui fait que l’on peut se les approprier comme on l’imagine, comme nous le faisions jadis (hé oui, jadis, déjà!), avec les premiers 33 tours de Ange ou de Magma.
On éprouve avec cet opus la même sensation que nous ressentions avec ‘Le cimetière des Arlequins’ ou ‘Par les fils de Mandrin’. Cet embarquement pour un voyage intérieur dont vous ressortirez ici aussi avec sourire, malice, car avec Kokoon, tout est enjoué, festif, même lorsque les instruments se font presque silencieux. Vous les entendez respirer et alors vous leur glissez quelques notes de tendresse dans le cou, là, dans votre cocon.
PS: Petit regret, et qui nous fait attribuer cette note de 3 CD, que Kokoon n’ait pas eu le génie de nous proposer ces compos en version électrique sur un second CD. Cela aurait été, n’en doutons pas, un excellent double album.