KINGA GLYK – Real Life

Warner
Jazz Fusion
KINGA GLYK - Real Life

Pour son troisième abum chez Warner (et son cinquième en tout depuis 2015), la bassiste polonaise Kinga Glyk (qui fête ses 27 printemps le lendemain même de sa sortie) n’a rien laissé au hasard. Co-produit par Michael League (Snarky Puppy), on y retrouve une dream-team, au premier rang de laquelle (outre League aux claviers et à diverses guitares), on dénombre le drummer Robert Searight (lui aussi de Snarky Puppy), l’aérophoniste Casey Benjamin (de quoi qu’il s’agisse), ainsi qu’un quartette de claviéristes émérites tels que Brett Williams, Caleb McCampbell (Beyoncé, Michael Bublé), Julian Pollack (Marcus Miller, David Sanborn) et Nicolas Semrad (Lauryn Hill, Bootsy Collins). À l’arrivée, on assiste à la résurgence inattendue d’un genre qui fit florès au cœur des seventies: le jazz-fusion, porté alors par des formations telles que Weather Report et Return To Forever (Jaco Pastorius et Stanley Clarke figurent bien au panthéon de Kinga). On en reconnaît la marque distinctive dès l’alambiqué instrumental d’ouverture, “Fast Life”. Le funk sous-jacent à certaines œuvres majeures de ce courant(“Blow By Blow” et “Wired” du regretté Jeff Beck, au hasard) irrigue ainsi les reptiliens “Unfollower” (où rivalisent quatre claviéristes, dans le rôle de Jan Hammer) et “Who Cares” (dont le rhythm pattern est clairement démarqué du “You Know What I Mean” d’El Becko). Si elles occupent sans complexe le centre du spectre, les quatre cordes graves de Miss Glyk n’en versent pourtant jamais dans la performance stérile, quand bien même elles s’octroient un intermède semi-instrumental pour elles toutes seules (“Funny Bunny”). Ne répugnant pas à alterner plages néo-rétro-prog (les atmosphériques “Island, “Not Real”, “Swimming In The Sky” et “Opnions”, ainsi que le dansant “Unseen Bruises”, n’auraient pas déparé le Yes de “Relayer” avec Patrick Moraz) et groove irrépressible (“The Friend You Call”, “That Right There”, “Sadness Does Not Last Forever”), Kinga Glyk dresse ici des ponts enchantés entre les époques. Pour paraphraser Jean Ferrat, comment peut-on s’imaginer qu’elle ne vit le jour qu’en 1997 (soit bien après cette ère que l’on crut révolue, mais à laquelle elle se réfère avec un naturel si confondant)? Cette instrumentiste surdouée se double d’une compositrice et arrangeuse de premier plan: back to the future once more, la haute voltige est de retour!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, February 1st 2024

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