Blues

On connait Manu Poliautre de longue date. Artisan du festival de blues de Cassel, il était surtout la tête slideuse des Harpsliders, improbable duo guitare-batterie aux antipodes des Black Keys. Eux, c’était plutôt ragtime, planche à laver, delta blues et bonne humeur. Projet parallèle (qui pourrait bien devenir prioritaire), son nouveau trio, King Kazoo, emprunte quant à lui les chemins de guinguettes où le swing manouche en remontrait jadis au musette. À la source de cette nouvelle aventure, une série de boeufs dans un bar lillois, suivi de l’acquisition d’une maison à Ault, en Baie de Somme. C’est de ce littoral qu’ils s’élancent, depuis la Crêperie de la Plage, à Cayeux, jusqu’aux festivals locaux. Mix de folk à la Kaukonen (“Human Being”), de delta blues (“Humming The Blues”), de rythmes créoles (“Où Est Le King?”, “J’irai bien”), de blue-beat (“One Leg”) et de swing à la Django (le reste), leur premier brouet ne trouve de réel équivalent que chez le regretté Bob Brozman ou C. W. Stoneking. Même si leur fantaisie et leur virtuosité se situent forcément quelques crans en deça (mais pas tant que ça), c’est bien de ce côté-là que l’on peut ranger cette rondelle plus attachante à chaque écoute. On trouvera difficilement références plus honorables.