World Music

Déjà à la tête de cinq albums en quinze ans, le Ghanéen King Ayisoba propose, pour son sixième à ce jour, de prolonger jusqu’aux Pays-Bas sa collaboration entamée avec Zea, membre du fameux collectif post-punk batave The Ex. Toujours muni de son kologo (luth ghanéen à deux cordes), il a effectué l’essentiel de cet enregistrement (ainsi que son mixage) dans le studio de Francis Ayamga, à Bongo (près de la frontière avec le Burkina Faso), avant de partir en peaufiner les arrangements à Voorhout, dans le sud de la Hollande. Dès le “Good Things God Knows” d’ouverture, on reconnaît les racines qui irriguèrent tout autant le m’balax de Youssou N’Dour (“Adinooma”), la juju music de King Sunny Adé (“Buri Malima”) et l’afro-beat de Fela (“People Talk Too Much”). En un maelström étourdissant de rythmes et de scansions vocales entrecroisés défilent des chants tribaux, sous-tendus de tambours et de flûtiaux rudimentaires invitant à la transe (“Namba Sonne”). Aux imprécations martiales du leader répondent des chœurs féminins assurés (“Tribe”), tandis que les tambours et le kologo y mènent une irrépressible sarabande. Quand une touche électro s’invite à la fête (“Abome”, “Kokoko Enter”), le processus semble presque naturel: ouvrez grand les fenêtres, et laissez vous envoûter par la frénésie ouest-africaine.

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, March 7th 2023

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