| Afrobeat, Funk, gloubi-boulga, Indie Pop, Soul |
Né en Corée du Sud où il fut recueilli dans un orphelinat, Ki! (alias Christian Ki Dall) grandit au Danemark, où il fut adopté par une famille d’accueil. Songwriter et multi-instrumentiste, il s’est produit aux côtés de Sterling Roswell (Spaceman 3), The Telescopes et Death Valley Sleepers, tout en opérant en tant que producteur auprès d’artistes comme Rufus Miller (guitariste de Sting), 13 ou encore D/troit. Se déclinant sous la forme d’un double vinyle, son premier album solo propose vingt titres enregistrés sur une période de plusieurs années, et couvrant un ample spectre de registres distincts. De l’éponyme titre instrumental d’ouverture (d’obédience asiatique assumée, tout comme pour le single “Mäy Tröy”) au funk alerte réminiscent de ce que proposent depuis trois décennies les Japonais d’Osaka Monaurail (“Abeokuta”, en référence à Fela), en passant par la néo-classic soul façon Daptone et Colemine (“Happy”, “Romantique”, “Je Suis Toujours Là”, chanté par l’Éthiopien Al Agami et la Scandinave Trine Jørck, ou le talk over rap de “Karma Flow”, “Music Is The Language Of Angels” et “Joel Goes To Get Help”), l’afrobeat (“Nibi Nibi”, “High Life”), la Viet-pop actuelle (“Nâng Âm”), une relecture du “Five To One” des Doors (“Vinden Der Hvisker”) et des hommages à Duke Ellington (“Mood Indigo” en vintage ragtime façon CW Stoneking), à la pionnière du folk-blues Elizabeth Cotten ou encore à Link Wray (“Wrays Of The Sun”) et George Harrison (“Out Of The Dark, Into Our Hearts”), le panel s’avère d’un éclectisme vertigineux. Son écoute finit toutefois par révéler une relative cohérence, similaire à celle qui caractérise paradoxalement certains scores de films de Jarmusch. Si le postmodernisme consiste à assembler des éléments issus de contextes et d’époques disparates pour en révéler de nouvelles dimensions, en voici un incontestable monument.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, November 20th 2022
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