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Onze titres. Ce sont onze titres délivrés avec passion et un large sourire que vous propose Kenny Neal, pour une plongée directe dans les bayous avec ce mélange de funk et de swamp blues qui illumine chaque titre composé ou emprunté par Kenny Neal. Cet opus, ‘Let Life Flow’ (Laisse la vie suivre son cours) est un hommage à la vie et un hommage à ces êtres chers que Kenny a perdus : son père Raful, son frère Ronnie, sa sœur Jackie et son batteur, Kennard Johnson. Silencieux ces trois dernières années pour des raisons de santé, celui qui fut à 17 ans le bassiste de Buddy Guy nous revient avec un album bourré d’optimisme et d’énergie communicative (à preuve, le superbe sourire qu’il vous offre en couv et sur les deux photos intérieures). ‘Let Life Flow’ est d’ailleurs le premier titre du CD, compo signée Kenny, qui vous démontre que le ‘monsieur’ en question est non seulement un excellent musicien – et multi-instrumentiste ; d’ailleurs des voix racontent que ce serait Slim Harpo qui lui aurait glissé son premier harmonica dans la bouche, histoire d’occuper le bambin qu’il était – mais aussi un bon chanteur.
Sur ‘Blues, Leave Me Alone’ (Blues, laisse moi seul), la voix est chaude, brûlante façon soulman, vous emportant dans le sens du courant, vers de nouveaux rivages louisianais. En hommage à son père, Kenny reprend deux titres signés par le paternel himself, Raful Neal : ‘Starlight Diamond’ et ‘Bleeding Heart’, deux titres qui démontrent que Kenny a de qui tenir, et qu’il peut en être fier. A noter une très belle reprise de Willie Dixon, ‘It Don’t Make Sense You Can’t Make Peace’ où comme le veut une certaine tradition il y a foule de guests, mais aussi et surtout un superbe ‘Fly Away’, signé Kenny Neal, composé en hommage à ces êtres chers, hélas disparus ; une compo bourrée de tendresse, d’amour et d’émotion. Le genre de compo qui vous remue l’intérieur. « One day we get to fly away », chante Kenny en refrain ; un jour ou l’autre, oui, nous devons tous ‘nous envoler’, partir. Un jour ou l’autre…
Dans la palette des invités, vous noterez (entre autres…) Lucky Peterson aux claviers, Leroy Harper et Nadège au saxo, Bonny Fields à la trompette, Jimmy Adams au piano, Pierre Chabrele au trombone,…et une certaine Robin Rogers, en toute discrétion dans les chœurs. Robin, une voix, une femme que je vous recommande de découvrir en écoutant son dernier album, chroniqué ici,sur Paris On The Move. La tribu Neal, avec Kenny, Kenny Jr. (‘le fils de’, hé oui !), Darnell et Frederick, assure quasi tout le reste des instruments, épaulée par leur nouveau batteur, Bryan Morris, au toucher impressionnant.
Et comme pour de nombreux CD proposés par le label de la petite grenouille bien verte et bien française, un bonus vidéo de deux titres vous est offert, avec une superbe interprétation de ‘Baby Bee’ de plus de 10 minutes. Le quatuor filmé en 2003 à New York est composé du trio Neal, avec Kenny (guitare, chant et harmonica), Darnell (basse) et Frederick (claviers) , accompagné du regretté Kennard Johnson à la batterie. Et rien que pour ce super-bonus, Dixiefrog mérite non seulement nos félicitations mais aussi votre fidélité car chez Dixiefrog un CD est bien plus qu’un CD audio.
Frankie Bluesy Pfeiffer
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