Kenny Brown – Can’t Stay Long

Devil Down Records
Blues

MONUMENTAL…!!! L’habitant de Potts Camp qu’est Kenny Brown se livre ici à une splendide démonstration de ce qu’est le North Mississippi Hill Country Blues et croyez moi, vous en prendrez plein les esgourdes!
Et comme le garçon a appris à se méfier de son prochain, il met toutes les précautions de son côté. D’entrée, il double la mise en nous proposant non pas un seul CD mais un double album incendiaire. Comme il y a le jour et la nuit, le sucré et le salé, l’homme et la femme, le Black and White, il y a dorénavant le ‘Porch Songs’ et le ‘Money Maker’. Les deux faces d’une musique bien vivante de l’autre côté de l’océan qui ne demande qu’à écouter son cœur battre encore plus fort sur ces rives-ci de la grande mare.

Longtemps guitariste de R. L. Burnside, initiateur de ce type de blues, le ‘fils adoptif’ de celui-ci, comme il aimait lui-même à le dire, nous propose avec ‘Porch Songs’ des versions acoustiques d’une part, et des versions électriques, d’autre part, avec ‘Money Makers’.

Sur le premier disque on l’écoute seul, sur le seuil de sa maison où muni de sa guitare ou de sa lap steel guitare, ‘le garçon blanc à la guitare’, comme se plaisait à le répéter son mentor, nous propose treize morceaux du feu de dieu: ‘Backdoor Man’, ‘World War I’, à la façon de l’un de ses maîtres, Mississippi Joe Callicot, ‘Prodigal Son’, ‘Wreck on the Highway’, ‘Baby Please don’t Go’ ou ‘Jesse James’.

Sur le deuxième opus, Kenny Brown joue avec son band. Sont présents John Bonds à la batterie, Terence Bishop à la basse, Mark Yakavone aux claviers, Luther Dickinson à la guitare et membre par ailleurs du North Mississippi Allstars, ainsi que Duwayne Burnside, l’un des fils de celui qu’il ne faut surtout jamais oublier quand on traite ce sujet. (Petite remarque: une faute de frappe a écorché son nom sur la jaquette de la pochette, mais on a déjà pardonné cette petite erreur!)
Et ici aussi, nous avons droit à une ribambelle de morceaux fameux et fumeux: ‘Skinny Woman’, ‘Walking Blues’, ‘Shake Your Money Maker’, ‘Laughin To Keep From Cryin’, ‘Back To Mississippi’ ou ‘Let’s Work Together’.
Kenny Brown se révèle d’ailleurs être un slider redoutable. Nous le savions, nous qui avions eu le bonheur de le rencontrer et de l’écouter à la Maroquinerie, à l’occasion des Nuits de l’Alligator 2006, mais écoutez vous-mêmes ces titres et vous ne ressentirez plus jamais le blues de la même manière car il s’agit vraiment d’une magistrale démonstration de ce qu’est le blues des collines du nord du Mississippi.
Et parce que la musique est vraiment une histoire de famille, Kenny Brown présentera ensuite sa femme Sara au public car c’est elle qui organise en sa compagnie le North Mississippi Country Picnic, une fois par an.
C’est d’ailleurs à cette occasion que la captation ‘live’ a été saisie. Lui qui avait débuté par un album solo, ‘Back To Mississippi’, en 1996, puis avait continué sa carrière chez Fat Possum Records, le voici dorénavant chez Devil Down Records pour notre plus grand plaisir!

Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
Kenny Brown