| Soul |
Pas encore valeur établie mais plus tout à fait perdrix de l’année, Kendra Morris ne délivre que son quatrième album en une décennie, après un long hiatus de six ans. Établie à New-York (bien que native de Floride), c’est sur une filiale du label néo-soul de Loveland (Ohio) qu’elle effectue son come-back. À mi-chemin entre la Diana Ross solo des seventies et le Philly Sound des Stylistics et autres Three Degrees (soit davantage vers Ashford & Simpson que Gamble & Huff), elle oscille ainsi entre les arrangements soyeux d’une Dionne Warwick sous ascendant Bacharach (“Keep Walking”) et la plastic-soul façon “Young Americans” (“This Life”). Tout juste si elle s’autorise quelques break beats vaguement trip-hop sur “Who We Are”, tandis que le single “Penny Pincher” s’inspire pour sa part des ballades millésimées de la grande Roberta Flack, et que la wah-wah noyée de reverb’ de “Someone Else” et les violons de “Dry” en font autant avec Ann Peebles période Hi. Tout en sachant exciter le nerf rétro qui ne sommeille jamais longtemps chez les soul aficionados (la plage titulaire et “Got Me Down”, ou le très Curtis Mayfield et Smokey Robinson “Drag On” qui ferme le ban en beauté), Kendra Morris ne dédaigne donc pas quelques artifices contemporains, pour livrer au final un produit de synthèse qu’elle espère manifestement en phase avec son temps. Si en politique, on ne sort la plupart du temps de l’ambiguïté qu’à son propre détriment, on ne pourra cependant manquer de conseiller à Kendra des options un tantinet plus tranchées. Son timbre soulful et assuré le mérite amplement.
Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder
PARIS-MOVE, February 13th 2022
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Nine Lives, album charnière pour Kendra Morris, l’artiste Soul de New York, puisqu’il est l’aboutissement de la décennie écoulée depuis la sortie de son album Banshee, en 2012, et qu’il marque un tournant dans sa vie, puisqu’elle annonce un nouveau chapitre qui s’ouvre avec un nouveau label. Ce n’est pas la première fois que l’artiste exploite la métaphore des neuf vies du félin puisque l’on en compte au moins 9 dans sa trajectoire musicale: la découverte du multi-tracking sur un enregistreur karaoké, les groupes avec lesquels elle a joué en Floride, sa vie à New York et la composition solitaire sur un magnétophone 8 pistes, ses deux premiers disques sur Wax Poetics, son EP Babble en 2016, ses collaborations avec DJ Premier, 9th Wonder, MF Doom, Czarface, Ghostface Killah, Dennis Coffrey et David Sitek, ses compositions de bandes annonces pour des films. Elle a enregistré les albums Concrete Waves en 2011 et Mockingbird en 2013. On peut considérer qu’elle incarne la culture américaine au sens large… On retrouve ses influences aussi bien dans la musique que dans le cinéma. Sa musique, d’ailleurs, évoque des images de road trip à travers des thèmes universels comme l’amour, le dépassement de ses peurs…. De quoi créer une ambiance intime du meilleur effet.
Dominique Boulay
Paris-Move & Blues Magazine (Fr)
PARIS-MOVE, February 14th 2022
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