Kelly Joe Phelps – Brother Sinner & the Whale

Black Hen Music/CRS
Blues

Déjà, Kelly Joe Phelps est né le même jour que moi. Ca rapproche, forcément. Et comme moi, il a commencé la guitare à l’âge de douze ans. Nous voilà presque jumeaux! Mais on n’a pas écouté les mêmes trucs, et ça s’entend. Après avoir joué du jazz pendant 10 ans, lui parle de ‘conversion’ lorsqu’il a découvert le flat picking (quand les cordes sont jouées avec tous les doigts de la main droite) avec des artistes comme Fred McDowell, Chet Atkins ou Leo Kottke. Et son blues teinté de country et de folk nous ramène aux sources profondes de la musique américaine. Surtout avec cet album, son neuvième déjà, dans lequel l’homme, avec juste ses doigts et sa voix, se met à nu après les errements artistiques des années récentes. Pas donné à tout le monde d’enregistrer un album entièrement acoustique, sans backing band ou autre artifice. Etre virtuose comme Phelps l’est aide un peu, vous me direz. Et posséder une voix chaude comme la sienne, qui rappelle si souvent James Taylor, est un plus. Retour au bottleneck, que Phelps refusait d’utiliser depuis dix ans, emploi de capodastre et d’open tunings divers, arpèges qui auraient fait la fierté de Marcel Dadi, pour une dizaine de vignettes enregistrées à la perfection par le célèbre producteur canadien Steve Dawson dans son studio de Vancouver. Des titres comme ‘Talkin’ To Jehova’, ‘I’ve Been Converted’ ou ‘The Holy Spirit Flood’ indiquent clairement les priorités actuelles de l’artiste et rappellent l’épisode chrétien de Bob Dylan et d’autres. On n’est pas non plus obligé d’adhérer à ces paroles, ni même de faire une retraite dans un couvent bénédictin pour apprécier ce disque, une ballade solitaire où l’on se sent à la fois complice et spectateur privilégié, comme si Kelly Joe, assis à côté de nous, nous emmenait dans une promenade ravissante. A faire quand l’aube approche, après une nuit de débauche, et que l’instant réclame moins de bruit et le retour à un peu de pureté. Dieu bénisse les petits plaisirs égoïstes comme celui-ci! Amen.

Frenchy
Paris-Move

 

Il faut quand même oser, par les temps qui courent, saisir une simple guitare acoustique et partir en solitaire sur la route tracée par les sillons du CD, avec pour seuls atouts ses propres compositions et sa voix. C’est pourtant ce que fait Kelly Joe Phelps pour son dixième album… Lui qui excelle à la slide guitar, à la lap steel guitar ou à la lap slide guitar ne se débrouille pas mal du tout à la guitare acoustique. Les douze compositions sont autant de confidences privées que nous livre le songwriter américain, nichées entre l’America, le Folk et le Blues. Je ne me sens pas en adéquation avec la ‘conversion’ musicale de l’auteur mais je lui reconnais indéniablement du talent à foison, sur ‘Talkin’ To Jehova’ comme sur ‘Pilgrim’s Reach’ ou ‘I’ve Been Converted’, qui est la seule reprise de l’opus et qui est l’adaptation d’un Traditionnel, sur ‘The Holy Spirit Flood’, ‘Guide me, o thou great Jehova’ ou ‘Brother Pilgrim’. J’avouerais bien que cela ne constitue pas la thématique qui m’importe le plus en ce moment, mais il est certain que le talent du garçon réussit parfaitement à rendre le tout plaisant à écouter. Disons, pour faire simple, qu’à l’instar du Gospel ce n’est pas le contenu qui compte le plus pour nous, simples néophytes, mais le contenant et la manière de lui donner vie! Kelly Joe Phelps évoque ces troubadours des années 60 et 70 qui tels Bob Dylan, Donovan, James Taylor et d’autres, s’en allaient par les chemins de traverse distiller la note juste aux auditeurs friands de paroles apaisantes. Et en ce qui concerne la teneur de celles-ci, il est indéniable que le KJP n’a plus rien à envier à personne tant il est lui-même passer maître en matière de compos dans ce style.
Voilà une galette qui va trancher de manière significative dans les rayons de votre discothèque et rien que pour cela, je ne peux que vous inviter à vous précipiter chez votre disquaire habituel. Cette petite touche musicale ne pourra que vous servir dans les mois qui arrivent. Car être différent de la multitude ne peut que vous servir en période de crise.

Kelly Joe Phelps