KEITH BROWN TRIO – African Ripples

Space Time Records
Jazz
KEITH BROWN TRIO - African Ripples

Depuis bien avant Bud Powell et Thelonious Monk, le piano occupe une place centrale dans le jazz moderne. Tandis que l’on ne dénombre plus la myriade de leurs disciples et héritiers, peu d’entre eux se sont avérés capables d’en prolonger la verve et le souffle novateur. À l’heure où l’on a successivement vu disparaître Randy Weston, McCoy Tyner et Chick Corea, ce nouveau prodige des ivoires survient à point nommé pour en reprendre les flambeaux avec fougue, respect et détermination. Capable d’évoquer au détour d’une même tournerie ces maîtres précités (tout comme Bill Evans, Monty Alexander, Horace Silver et Oscar Peterson), Keith Brown ne se cantonne jamais pour autant à leur servile imitation. Comme le proclamait naguère André Francis (dans son “Jazz” paru en 1991): “Quelle que soit la confortable part de rêve que le public peut priser dans les visites des œuvres du passé, je n’imagine pas que l’on puisse se contenter, une vie durant, d’une continuelle fuite dans les musées, où l’on mime exclusivement des univers défunts”. Employant pour fil conducteur quatre variations sur un thème initial du grand Fats Waller (donnant son titre à l’ensemble), Keith invite les chanteuses Camille Thurman et Melanie Charles (ainsi que sa propre épouse, aux backing vocals), et étoffe en deux occasions son trio des cuivres de Russell Gunn et Anthony Ware, mais ce sont bien ses claviers qui mènent le bal. Né à Memphis et élevé à Knoxville, Tennessee, Keith Brown est une des étoiles montantes de la scène jazz actuelle. Outre ses deux premiers albums en tant que leader (Sweet And Lovely en 2011 et The Journey en 2015), il a collaboré avec  Charles Tolliver et Jazzmeia Horn, et s’est produit auprès de Camille Thurman et du Darrell Green Trio ainsi que de Dezron Douglas (tous trois ici présents en guests), de même que de Sherman Irby, Steve Slagle, Terreon Gully, Kenneth Whalum III, David Weiss, Mike Clark, Bill Saxton, Joe Farnsworth, Gregory Tardy, John Clayton, Benny Golson et Bobby Watson. Propulsées par une section rythmique de premier ordre, (“Truth And Comfort”, “NAFID”, “Just You, Just Me” ou le funky “512 Arkansas St.”), les phalanges de Keith Brown caracolent avec une ébouriffante inventivité. Alors que Zappa prétendait que si le jazz n’était pas mort, il avait tout de même une drôle d’odeur, ce jeune pianiste en rouvre grand les fenêtres: aussi éblouissant et rafraîchissant qu’une aube nouvelle, un disque événement!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

PARIS-MOVE, May 6th 2021

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Site web de Keith Brown, ICI

Discographie: ICI

Keith Brown Sweet and Lovely Live at the Sunset:

Jazzmeia Horn performs “When I Say” on WBGO:

Jazzmeia Horn – Free Your Mind (Live from SFJAZZ):

2019.11.02 Charles Tolliver Paper Man at 50 @ 22. PJF: