Americana

La première impression troublante en découvrant ce sémillant sexagénaire, c’est à quel point sa voix s’apparente à celle de Brad Roberts (des Crash Test Dummies) et à celle de Webb Wilder. Sa musique n’emprunte toutefois guère à ces deux-là (ou alors, il faudrait imaginer un Wilder sévèrement calmé), puisqu’elle puise aux fondations d’une alternative country bien tempérée. Le bonhomme ne fut pourtant pas toujours si sage, puisqu’il débuta à dix ans à peine en tant que batteur, chanteur et songwriter de high school bands dans son South Jersey natal, avant de s’acoquiner dès ses 17 printemps venus avec un alcoolique aussi impénitent que Dave Van Ronk. Inspirant ensuite son “Bat Chain Puller” à Captain Beefheart, Kaz MURPHY débuta une carrière littéraire, tout en accompagnant les lectures d’Allen Ginsberg aux percussions. Après avoir fondé le groupe folky new-wave Mad Mad Nomad, il se décida à voler de ses propres ailes en 1997, avec un premier album solo qui lui valut un début de reconnaissance. Désormais relocalisé à Los Angeles, il tourne régulièrement en Europe et aux Etats-Unis. Pour son quatrième album à ce jour, Kaz MURPHY semble accéder enfin à un semblant de sérénité, comme en témoignent “A Sunny Day” et “When People Come Together”. Toujours proche du petit peuple, il en partage les préoccupations (“All I Wanna Do Is Work” et “Soft Heart”, éloge de la solidarité entre les démunis), les aléas du cœur (“Somebody Could Be Me”) et les errances (“Thunderhead”, “Blue Devil Sky”). Ayant récemment perdu ses parents, il leur dédie cet album où, accompagné avec pertinence et goût par d’excellents instrumentistes, il offre l’écrin adapté à ses vignettes empreintes d’une sagace humanité.

Patrick Dallongeville
Paris-Move, Blues Magazine, Illico & BluesBoarder

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